Vincent Crase 1:22
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Marion Dubreuil avec Europe 1 avec AFP , modifié à
Au deuxième jour du procès d'Alexandre Benalla, mardi, Vincent Crase est revenu sur la manifestation du 1er mai 2018, à laquelle il était censé assister en tant qu'"observateur". L'ancien employé de LREM est aussi revenu sur son parcours et sa rencontre avec l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron, qui a utilisé des expressions fourre-tout sur ses fonctions.

L'ex-employé de LREM Vincent Crase a reconnu mardi au tribunal de Paris avoir commis une "erreur" en portant une arme lors de la manifestation du 1er mai 2018, à laquelle il était censé assister en tant qu'"observateur" au côté d'Alexandre Benalla. Ancien gendarme réserviste, rattaché au commandement militaire de l'Élysée, Vincent Crase est visible sur les images de la place de la Contrescarpe, à l'origine du scandale politique qui a éclaté en juillet 2018 autour de l'ancien chargé de mission.

Trois ans plus tard, les deux hommes sont jugés pour avoir commis ce jour-là des violences en réunion et avoir usurpé la fonction de policier en brutalisant un couple place de la Contrescarpe ainsi que trois manifestants au Jardin des plantes.

Le "bras droit" de Benalla

Interrogé sur son parcours, Vincent Crase, 48 ans, a expliqué avoir fait une licence d'histoire, son service militaire au sein de l'Armé de l'air, avoir été détective privé et commercial dans le secteur du déménagement.

À partir de 2005, il est aussi réserviste de la gendarmerie et forme le jeune Alexandre Benalla, 17 ans, lors d'une préparation militaire dont ce dernier sortira major. Ils deviennent amis et font des services ensemble dans des pelotons de gendarmerie réservistes de l'Eure. Jusqu'à ce qu'en octobre 2016, "Alexandre" le "sollicite pour rejoindre la campagne" du candidat Emmanuel Macron. Il est son "bras droit" dans "la mise en oeuvre du service d'ordre", puis, après la victoire à la présidentielle, il devient responsable adjoint de la sécurité du QG d'En Marche.

Crase "n'aurait pas dû prendre" d'arme le 1er-Mai

Les investigations ont montré que, le 1er mai 2018, il avait une arme qu'il n'était autorisé à porter qu'à l'intérieur des locaux du parti. Vincent Crase a d'abord nié, avant de reconnaître être allé chercher ce revolver au QG le matin. Des mensonges en contradiction avec l'"ADN de gendarme" qu'il invoque à d'autres moments de l'enquête, souligne la présidente Isabelle Prévost-Desprez. "J'ai essayé de sauver ce qui pouvait l'être et ça n'était pas la bonne attitude", répond le prévenu.

Lors de la manifestation, "en quoi cette arme est nécessaire, puisque vous vous y rendez en qualité d'observateur ?", lui demande la magistrate. À l'époque, "je prends mon arme en raison du risque terroriste", répond le prévenu, parlant de l'hypothèse d'un "tireur isolé qui tire sur la foule". "Est-ce que vous pensez que ce que vous êtes en train de dire est sérieux ?", interroge de but en blanc la présidente. "Je reconnais que j'ai commis une erreur, je n'aurais pas dû la prendre", répond Vincent Crase, alors qu'Alexandre Benalla, assis derrière son coprévenu, écoute, stoïque.

Benalla est "l'ovni organisationnel" de l'Élysée

À propos de ses fonctions exactes à l'Élysée, Alexandre Benalla a quant à lui utilisé des expressions un peu fourre-tout. "J'étais chef d'orchestre lors des déplacements du Président, coordinateur, facilitateur… L'Élysée, c'était un ovni organisationnel", explique-t-il. "Ce qui primait, c'était l'efficacité et la rapidité. Il n'y avait pas de formalisme dans les liens hiérarchiques. Celui qui a l'info, c'est celui qui a l'autorité."

"C'est la place que vous prenez qui fait la fiche de poste", abonde Maxence Creusat à la barre, l'un des commissaires de la préfecture de police de Paris qui a travaillé avec Alexandre Benalla. Il est poursuivi pour lui avoir transmis des images de vidéoprotection du 1er-Mai. Ce soir-là, Alexandre Benalla envoie un SMS à Emmanuel Macron pour l'avertir de la vidéo qui tourne sur les réseaux sociaux. "Pourquoi vous n'avez pas prévenu le directeur de cabinet qui est votre supérieur direct ?", lui est-il demandé. "Je voulais que le Président apprenne en premier, j'ai été loyal", répond Benalla. La juge a une tout autre lecture. "Vous vous fichez de la hiérarchie, c'est vous qui décidez."