Précarité énergétique : "À la fin du mois, on n'allume pas la lumière, on n'allume pas la télé"

© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Maud Descamps, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à

En France, sept millions de personnes ne parviennent pas à chauffer correctement leur logement pendant l'hiver. Marion, une étudiante de 21 ans, explique à Europe 1 comment elle s'organise pour faire face à cette précarité énergétique.

L'hiver arrive et avec lui, le froid, comme le redoutent les sept millions de personnes touchées par la précarité énergétique en France. Cet hiver encore, de nombreux Français souffriront du froid chez eux. Les plus touchés sont les ménages les plus modestes évidemment. Et là, il n'y a pas de profil type. Jeunes, moins jeunes, propriétaires, locataires, en ville, à la campagne, cette précarité s'étend sur tout le territoire. Selon le rapport publié mercredi par l'Observatoire de la précarité énergétique, l'hiver dernier, 15% des Français ont souffert du froid chez eux, soit parce qu'ils ne pouvaient pas payer leur facture, soit à cause d'un logement mal isolé ! Par ailleurs, 30% des Français affirment avoir couper leur chauffage par moments pour des raisons d'économie.

"On s'organise afin d'être le moins énergivore possible". C'est le cas de Marion, une étudiante boursière de 21 ans qui vit à Lens, dans les Hauts-de-France. Comme elle l'explique à Europe 1, elle appréhende beaucoup l'arrivée de l'hiver : "À la fin du mois, on n'allume pas la lumière, on n'allume pas la télé, on se fait à manger au micro-ondes plutôt qu'avec les plaques, on laisse les volets fermés pour garder la chaleur, on allume le chauffage cinq minutes, on met des couvertures sous les portes pour ne pas que la chaleur s'en aille... On s'organise afin d'être le moins énergivore possible. Quand on est une petite étudiante comme moi, on ne peut pas se permettre d'avoir un beau studio, parfaitement rénové. Moi, je suis dans à peine 30 m² et j'ai l'impression que c'est impossible à chauffer, c'est infernal."

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Le nombre de personnes touchées par cette précarité énergétique stagne. En revanche, ces personnes sont touchées de plus en plus durement parce que le prix de l'énergie augmente. "Les ménages qui sont en précarité énergétique ont de plus en plus de mal à payer leur facture d'énergie. Le montant médian des impayés augmente en 2017 pour atteindre 790 euros. C'est une augmentation de 190 euros sur 10 ans", détaille Patrick Jolivet, de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME).

Le chèque énergie ne suffit pas. Pourtant, il existe des aides pour sortir de la précarité, comme le chèque énergie par exemple. Mais ce chèque de 150 euros pour les ménages les plus modestes (et qui va passer à 200 euros en 2019) n'est pas suffisant. Voilà ce que nous apprend ce rapport de l'Observatoire de la précarité. Pour sortir les ménages de la précarité, il faudrait, selon les calculs de cet observatoire, que l'Etat débourse 700 euros de plus par ménage modeste et par an !