Pourquoi le 8 mai n'a-t-il pas toujours été férié ?

Avant d'être un jour férié national, le 8 mai a connu bien des changements.
Avant d'être un jour férié national, le 8 mai a connu bien des changements. © Leemage via AFP
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Julia Solans / Crédit photo : Leemage via AFP
Bien avant d'être un jour férié en hommage aux anciens combattants et déportés, le 8 mai est passé par plusieurs étapes selon les gouvernements français en place. D'une simple commémoration à un retrait complet de célébration, cette date a longtemps été un sujet de débat jusqu'en 1981, date de sa dernière modification.

Le 8 mai est un jour férié qui commémore la capitulation de l'Allemagne et la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre Mondiale en 1945. Pourtant, cette date n'a pas toujours été célébrée. Elle a connu de nombreux changements au fil des décennies et des présidents, avant d'être le 8 mai tel que nous le connaissons aujourd'hui. Retour sur l'histoire de cette date clé dans l'Histoire. 

1946 : le dimanche avant tout

À 15 heures, le 8 mai 1945, les cloches des églises retentissent dans les villes françaises et sonnent la fin de la guerre. Toute la population célèbre la libération dans les rues, après 6 ans de conflit. Chacun le sait, cette date restera gravée dans le marbre tout comme le 11 novembre, 27 ans auparavant. Et pourtant, le cheminement pour en arriver à un jour férié ne fait que commencer. Dès 1946, la date devient simplement une commémoration de la victoire, instaurée par une loi. Petite complication : elle est célébrée le jour même uniquement lorsque cette dernière tombe un dimanche. Si ce n'est pas le cas, la commémoration se déroule le dimanche suivant. 

1953 : un jour devenu férié

Toujours marqués par les horreurs de la guerre, les résistants et anciens déportés ne sont pas satisfaits de cette simple commémoration pour rendre hommage à tous les disparus et morts pour la France. Après de nombreuses demandes, le gouvernement de René Mayer décrète le 20 mars 1953 qu'il s'agira à présent d'un jour férié.

1959 : retour du dimanche et du travail

Une loi rapidement modifiée puisque six ans plus tard, en 1959, les parlementaires de la récente Ve République instaurée en octobre 1958 reviennent sur la décision précédente. Le deuxième dimanche de mai est désormais le jour célébré et ce dernier n'est pas férié.

1968 : le 8 mai à l'honneur

Nouveau rebondissement en 1968, lorsque le 8 mai devient à nouveau la date de commémoration. Pourtant, les Français travaillent toujours ce jour-là. Le véritable bouleversement est déclenché sept plus tard, le 9 mai 1975.

1975 : retrait de la commémoration

Valérie Giscard d'Estaing, alors président de la République fraîchement élu depuis un an, décide de retirer la commémoration officielle. Pour symboliser la réconciliation et l'alliance franco-allemande, le chef de l'État instaure à la place une Journée de l'Europe, le 9 mai. Ceci faisant référence au 9 mai 1950, date de la déclaration Schuman, texte fondateur de la construction européenne. Une décision qui a évidement suscité beaucoup d'émotions de la part d'anciens combattants et de rescapés. 

1981 : l'ultime changement

Alors qu'un possible retour de la commémoration circule déjà dans les discussions au Conseil des ministres en 1980, le sujet est définitivement tranché l'année suivante, le 2 octobre 1981. À peine arrivé au pouvoir, le président François Mitterrand rétablit le 8 mai en tant que commémoration de la Seconde guerre mondiale et l'insère à l'article L.222-1 du code du travail comme jour férié. 

Les célébrations autour du 8 mai n'ont plus jamais été modifiées après cette date. Depuis, le président de la République en activité se rend place de l'Étoile, rend hommage au Soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe et y dépose un gerbe de fleurs.