Les mémoires de Woody Allen devaient être publiées le 7 avril (photo d'illustration). 1:15
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avec AFP , modifié à
Les mémoires du cinéaste Woody Allen, promises à un succès international, ne seront finalement pas publiées. Europe 1 retrace le fil de la semaine où tout a basculé pour le réalisateur de 84 ans, accusé depuis 1992 par sa fille adoptive d'abus sexuels et déjà mis en cause dans lors du mouvement de libération de la parole "#MeToo".

Assailli de critiques, le groupe Hachette a annulé vendredi la publication des mémoires du célébrissime réalisateur new-yorkais Woody Allen, accusé d'avoir abusé sexuellement de sa fille adoptive Dylan Farrow lorsqu'elle avait sept ans, ce qu'il a toujours démenti. Le livre, censé retracer en détail la vie professionnelle et personnelle du cinéaste de 84 ans, auteur de dizaines de longs-métrages dont les légendaires Manhattan et Annie Hall, devait être publié le 7 avril aux Etats-Unis par une filiale d'Hachette, Grand Central Publishing.

L'affaire Woody Allen

Depuis 1992, Woody Allen est accusé d'avoir agressé sexuellement sa fille adoptive Dylan Farrow quand elle avait sept ans. Ces accusations sont revenues sur le devant de la scène lors de la vague de la libération de la parole du mouvement #MeToo. Si le réalisateur n'a pas été poursuivi en justice, le clan "Allen" et le clan "Farrow" se répondent souvent par médias interposés.

Mardi 3 mars : Ronan Farrow monte au créneau

Le frère de Dylan Farrow, Ronan Farrow, apprend que les informations contenues dans le livre de son père n'ont pas été vérifiées.  "Hachette n'a pas procédé à des vérifications quant au contenu de ce livre", affirme-t-il. Ronan Farrow soutient que l'éditeur n'a pas contacté sa sœur Dylan pour comparer sa version à celle de son père adoptif, Woody Allen, ce qui est, pour lui, "un manque fou de professionnalisme".

Manque d'éthique et manque de compassion : Ronan Farrow, qui a pris ses distances depuis longtemps avec son père, dénonce l'attitude du groupe. Si Hachette publie les mémoires de son père, le journaliste, prix Pullitzer en 2018 pour son livre sur les dessous de l'affaire Weinstein, menace de ne plus avec travailler avec la maison d'édition.

Mercredi 5 mars : une manifestation devant la maison d'édition

Deux jours plus tard, ce sont plusieurs dizaines d'employés d'une filiale d'Hachette à New York qui manifestent devant le siège de la maison d'édition pour protester contre la publication des mémoires de Woody Allen.  "Nous sommes solidaires de Ronan Farrow, Dylan Farrow et des victimes d'agressions sexuelles", expliquent-ils. 

 

Vendredi 6 mars :  Hachette décide de ne pas publier les Mémoires

"La décision d'annuler le livre de Monsieur Allen a été difficile (...), nous n'annulons pas de livre à la légère", a indiqué dans un email à l'AFP Sophie Cottrell, porte-parole de Hachette Book Group USA (HBG). "Ces derniers jours, la direction de HGB a eu de longues discussions avec le personnel et d'autres. Après avoir écouté, nous sommes arrivés à la conclusion que maintenir la publication n'était pas faisable pour HBG", ajoute-t-elle, précisant qu'Hachette rendrait "tous les droits" achetés au réalisateur. 

Peu après l'annonce de la décision de la maison d'édition, l'autobiographie du réalisateur, intitulée A propos of Nothing, figurait toujours sur le site de vente en ligne Amazon. Elle était étiquetée "best-seller", ce qui laisse entendre que le site avait reçu un volume important de pré-commandes.

Inquiétude d'un côté, reconnaissance de l'autre

Après avoir déjà salué les employés d’Hachette jeudi, Dylan Farrow leur a témoigné sa "reconnaissance" vendredi. "Pour quelqu’un qui s’est longtemps senti seul avec son histoire, la journée d’hier rappelle qu’on peut faire une différence quand les gens s’unissent pour ce qui est juste", a-t-elle écrit sur Twitter. Son frère a également posté un message similaire. "Je remercie tous les employés et les auteurs de Hachette qui se sont exprimés ainsi que la compagnie pour son écoute", a écrit Ronan Farrow dans un tweet à l'annonce de la nouvelle. 

D'autres étaient moins enthousiastes à la déprogrammation du livre de Woody Allen. Comme Stephen King, qui a s'est demandé "qui serait le prochain". "La décision d’Hachette de laisser tomber Woody Allen me met très mal à l’aise. Ce n’est pas lui, je me fiche de Monsieur Allen"