Emmanuelle Andrieux rêve de restaurer les vitraux de Notre-Dame de Paris. 2:40
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Pierre Herbulot, édité par Margaux Lannuzel
REPORTAGE - La Maison du Vitrail, à Paris, possède la plus grande collection de verre ancien en France. Pourtant, elle a peu de chances d'être sélectionnée pour restaurer les vitraux de la cathédrale. 
REPORTAGE

À La Maison du Vitrail, à Paris, on rêve de pouvoir participer à la restauration des vitraux de la cathédrale de Notre-Dame. Un mois après l'incendie qui a endommagé le monument emblématique de la capitale, Emmanuelle Andrieux, maître verrier et propriétaire des lieux, travaille au milieu du verre ancien en imaginant un tel chantier. 

 

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"Quelque chose d'un petit peu plus gigantesque"

"Ce qui est intéressant c'est vraiment ce patrimoine, et ce que ça représente", explique la spécialiste à Europe 1. "C'est vraiment ce que nos ancêtres nous ont laissé au 13ème siècle, on l'a dans les mains. C'est chargé d'histoire, comme tout autre vitrail évidement, mais là c'est quelque chose d'un petit peu plus gigantesque."

Pour les artisans qui seront choisis, la tâche s'annonce pourtant complexe : tout les vitraux devront être refaits, "parce que de toute façon elles ne peuvent pas tenir dans le temps" en raison du choc thermique, explique Emmanuelle Andrieux. 

"Que la rapidité se fasse aux dépends de la qualité"

Mais si la Maison du Vitrail dispose de la plus grande collection de verre ancien en France, elle a peu de chances de participer à la restauration. En cause, le projet de loi pour la reconstruction de Notre-Dame, examiné vendredi à l’Assemblée Nationale, avec pour but d’accélérer les travaux et de tenir le délai de 5 ans annoncé par Emmanuel Macron.

Pour cela, l’article 9 propose de supprimer le processus d’appel d’offre et des entreprises auraient déjà été pré-sélectionnées d'après Jean Mône, président de la chambre syndicale du vitrail. "Je ne parlerai pas d'accélération, plutôt de précipitation", explique-t-il à Europe 1. "Nous avons peur que les dérogations qui vont arriver ternissent notre travail pour la restauration de ces vitraux, que la rapidité se fasse aux dépends de la qualité. Si on fait des dérogations concernant des appels d'offre il y aura des ententes illicites. Qui dit ententes illicites dit des prix qui vont augmenter... Et on ne parle même pas de l'argent public, on parle de l'argent des donateurs."

Une précipitation en l'occurrence inutile, selon le spécialiste : d'après les experts de la chambre syndicale, deux ans maximum seront nécessaires à la restauration des vitraux de la cathédrale.