handicap 10:24
  • Copié
Tiffany Fillon , modifié à
Alors que se tiendra mardi la conférence nationale sur le handicap, Julia Slane, professeur des écoles et Caroline Boudet, mère d'une enfant handicapée, ont débattu, dimanche, au micro de François Clauss, sur l'intégration des enfants handicapés à l'école. 
ANALYSE

Les enfants aux handicaps lourds peuvent-ils être scolarisés dans des écoles ordinaires ? Deux jours avant la conférence nationale du handicap présidée mardi par Emmanuel Macron, Julia Slane, professeur des écoles et Caroline Boudet, journaliste et mère d'une enfant handicapée, ont débattu sur cette question, sur Europe 1. 

Actuellement, en France, 320.000 élèves handicapés ont été scolarisés en milieu ordinaire. C'est le cas de Louise, une jeune enfant trisomique de trois ans. Dans L’effet Louise (Stock), sa mère, Caroline Boudet livre un témoignage bouleversant de leur quotidien. Invitée sur Europe 1, face à Julia Slane, professeure des écoles, auteure d’une tribune dans Marianne, elle estime que l'intégration des enfants handicapés dans des écoles classiques est possible.

 

Des enfants "qui ne supportent pas le bruit, la foule, la lumière"

Cette inclusion devrait même être encouragée, d'après Caroline Boudet. "À l'étranger, de multiples études ont montré que l'inclusion était bénéfique, que ce soit pour les élèves en situation de handicap que pour des élèves qui ne le sont pas", affirme Caroline Boudet. Mais, selon elle, une condition doit être respectée : celle de l'encadrement adapté. "L'inclusion ne peut se faire qu'avec des moyens humains", affirme Caroline Boudet, qui cite l'exemple de l'Italie, où des enseignants spécialisés sont présents en classe. 

 

De son côté, Julia Slane pointe des pathologies qui rendent l'apprentissage très difficile. "Certains enfants ont des troubles tellement importants que le fait d'être en groupe devient problématique pour eux", pointe-elle. Elle cite, par exemple, les enfants qui ont "la phobie des couloirs", ceux qui "ne supportent pas le bruit, la foule, la lumière". "Que fait-on quand on a cet enfant dans une classe avec trente élèves ?", demande la professeure.  

Julia Slane regrette également le manque de flexibilité du système scolaire. "Quand on inclut ces enfants dans les écoles, il faut savoir qu'il n'y a aucune réduction des effectifs dans les classes", se désole la professeure. "Dans ma classe, cette année, j'ai 35 élèves. J'ai aussi trois élèves en situation de handicap lourd sans compter ceux qui ont des troubles de l'attention et autres", poursuit-elle. 

La professeure s'attaque aussi à la formation des enseignants, qu'elle juge "légère". "Nous n'avons jamais été formés pour prendre en charge des difficultés ordinaires et on nous demande de prendre en charge des difficultés extraordinaires !", s'étonne-t-elle. Julia Stane finit par résumer sa pensée : "certaines inclusions ne sont pas possibles, tous les enfants en situation de handicap ne sont pas scolarisables en milieu ordinaire", conclut-elle.