Policière agressée au couteau : que sait-on du suspect, mort après son interpellation ?

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Marion Dubreuil, avec la rédaction d'Europe 1 , modifié à

Interpellé après l’agression d'une policière municipale grièvement blessée au couteau à La Chapelle-sur-Erdre, près de Nantes, le suspect est mort des suites de ses blessures. L'administration pénitentiaire avait remarqué sa radicalisation en prison, durant une peine qu'il avait purgée jusqu'au mois de mars dernier.

Les faits se sont produits vendredi, à La Chapelle-sur-Erdre, au nord de Nantes. Vers 10 heures, un homme a agressé au couteau une policière municipale, avant de prendre la fuite avec l'arme de sa victime. Interpellé et touché par les tirs de gendarmes en début d'après-midi, le suspect est mort des suites de ses blessures. Dans la soirée de vendredi, on a appris qu'il avait également séquestré une jeune femme pendant 2h30 lors de sa cavale.

Des coups de feu depuis l'appartement de la jeune femme

L'agresseur avait pénétré dans l'appartement de la jeune femme, d'où il a fait feu sur des gendarmes en faction. Le procureur de la République de Nantes a également indiqué que l'assaillant avait avant sa cavale agressé un autre policier dans les locaux de la police municipale, lui portant un coup de couteau, bloqué par son gilet pare-balles. Son profil, qui mêle radicalisation et profil psychiatrique instable, est au cœur d'une enquête qui ne fait que commencer.

Selon les informations d'Europe 1, le suspect, âgé d'une quarantaine d'années, était connu pour radicalisation et avait été libéré de prison il y a quelques semaines. De source proche du dossier, il avait été écroué le 9 mars 2013 pour "vol à main armée en récidive" et "séquestration". Cet individu de nationalité française "purgeait principalement une peine de huit ans d‘emprisonnement prononcée par la cour d’assises du Nord le 7 octobre 2015". Son casier judiciaire est chargé avec également une tentative d'évasion et des dégradations. Mais il n'avait jamais été condamné pour terrorisme.

Pratique rigoriste de l'islam

D’après nos informations, sa radicalisation avait été remarquée par l’administration pénitentiaire à partir de 2016. Il avait été placé à l’isolement des autres détenus, avait une pratique rigoriste de l’islam et avait un vocabulaire propre aux personnes radicalisées. Il était fiché au FSPRT, le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste.

À côté de sa radicalisation, l’administration pénitentiaire avait également signalé "la vulnérabilité psychologique du suspect, tendance schizophrène, avec des phases délirantes au cours desquelles il fait état de sa grande religiosité". 

Suivi socio-judiciaire mis en place

Sa libération avait été validée par le groupe d'évaluation départementale de Loire-Atlantique. "Il a été libéré le 22 mars 2021 en fin de peine (sans aménagement). À sa libération, le suivi socio-judiciaire auquel il avait été condamné en 2015 a été mis en place immédiatement, notamment l’obligation de soins", précise une source judiciaire.

"Il a été rencontré à trois reprises par le service pénitentiaire d’insertion et de probation et a présenté les justificatifs de soins auprès du centre médico-psychologique", poursuit cette source. "Il était également accompagné par une association en lien avec le service pénitentiaire d’insertion et de probation." L'homme avait depuis retrouvé un emploi.

On ne sait pas encore pourquoi il a décidé de s'en prendre à une policière municipale ce vendredi matin. Le mode opératoire - une attaque au couteau visant une policière - laisse penser à une attaque terroriste. Mais les investigations se poursuivaient vendredi soir et le parquet national antiterroriste n'était pas encore saisi.

Une enquête a toutefois été ouverte pour tentative de meurtre sur la policière municipale et sur des gendarmes mais aussi pour la séquestration de la jeune femme, a annoncé le procureur de la République de Nantes. "Cette enquête criminelle confiée à la section de recherches est aujourd’hui supervisée et dirigée par le parquet de Nantes", a déclaré Pierre Sennès lors d'une conférence de presse, précisant que "cette situation est susceptible d'évoluer" si "une qualification pénale en lien avec le terrorisme" était retenue au gré de l'avancement de l'enquête.