Placé en foyer, le fils de Philippe a fugué : "Il voulait être avec son papa"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Depuis le placement en foyer de son fils, Philippe connaît des difficultés financières. Plusieurs fois, son fils a menacé de fuguer du foyer et est finalement passé à l’acte pour retrouver son père. Au micro d’Olivier Delacroix sur "La Libre antenne" d’Europe 1, Philippe raconte la fugue de son fils.
TÉMOIGNAGE

Après le placement en foyer de son fils, Philippe s’est retrouvé dans une situation financière précaire. Philippe n’avait pas le droit de téléphoner à son fils et en raison du confinement, les visites ont été interdites. Une séparation difficile puisque Philippe a élevé son fils tout seul depuis ses deux ans. Son fils a alors fugué du foyer pour le retrouver. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Philippe raconte qu’après la fugue de son fils, ils sont partis ensemble dans le sud de la France. 

"Je me suis retrouvé dans une situation désastreuse à la suite du placement en foyer de mon fils. Je n’ai pas pu me présenter devant le tribunal, j’étais épuisé et il y a avait la grève des trains. Mon fils avait dit aux assistantes sociales qu’il ne se comportait pas bien avec moi. Ce n’est pas un délinquant, c’est un bon gamin, mais il est très dur de caractère. La pédopsychiatre m’avait expliqué que comme il est très renfermé, dès qu’il rencontre un souci, il relâche sa colère sur moi.

" J’ai dû couper l’électricité et l’eau pour pouvoir manger "

On m’a mis dans une situation financière précaire. On m’a retiré 400 euros, j’étais sans emploi. Je n’arrivais plus à payer la totalité de mes factures. J’ai dû couper l’électricité et l’eau pour pouvoir manger. On m’a interdit d’appeler mon fils au foyer. J’ai eu droit à une visite d’une heure dans les bureaux du conseil général. Ça n’a pas simplifié le contact entre mon fils et moi. Au début, ça se passait plus ou moins bien au foyer. Le confinement est arrivé et c’est allé de mal en pis.

Les visites ont été interdites aux parents. Mon fils est très attaché à moi puisque je l’ai élevé tout seul depuis l’âge de deux ans. Pour lui, ça a été très dur psychologiquement. Il a commencé à péter les plombs. Il m’envoyait des sms en cachette et me parlait de son projet de fuguer du foyer. J’ai eu très peur. Je l’ai convaincu de pas fuguer, mais une semaine après il a menacé de passer par la fenêtre pour s’enfuir au risque de se tuer. J’ai paniqué et j’ai appelé l’éducateur. Mon fils m’en a voulu.

" Je regrette d’avoir demandé de l’aide "

Je n’ai plus eu de nouvelles de mon fils pendant un certain temps. Ils lui ont confisqué son portable parce qu’il n’avait pas le droit de communiquer avec moi. Je regrette d’avoir demandé de l’aide. Les parents maltraitants et les parents qui ont des accidents de la vie, comme un divorce ou une perte de logement, sont mis dans le même sac. J’aime mon fils et je ne lui ai jamais fait de mal.

Il y a quelques temps, mon fils a mis sa menace à exécution. J’ai reçu un coup de fil du foyer me prévenant qu’il avait fugué. J’étais en panique totale. Ça a toqué à la porte, c’était mon fils. Il m’a dit qu’il voulait partir dans le Sud, c’était notre projet. Il m’a dit qu’il se faisait insulter et qu’il restait tout seul dans la cour. Il n’était pas bien du tout. Mon fils travaille très bien à l’école, mais il m’a dit qu’il voulait arrêter le collège.

" J’ai acheté des billets de train et on est partis "

J’ai craqué, j’ai voulu le protéger. J’ai acheté des billets de train et on est partis dans les Alpes-Maritimes. J’ai pris une tente et des sacs de couchage. On a trouvé un petit terrain. Mon fils était très content. Ça a duré trois semaines. Je lui ai dit que je prenais de grands risques. J’en avais tellement marre de cette souffrance, j’avais besoin de ce moment de tranquillité avec mon fils. C’était un peu comme des vacances. J’aurais dû prévenir, mais ça m’a fait du bien de me couper de tout.

Un avis de recherche a été lancé pour fugue. Nous sommes allés faire des courses, les gendarmes nous ont arrêtés. Ils m’ont emmené au poste. J’ai expliqué la situation. Mon fils a pu dire qu’il n’était pas bien au foyer et qu’il voulait être avec son papa. J’ai dû dormir en cellule, ça a été dur. Je serai convoqué devant le procureur en septembre. Je n’ai pas voulu me mettre contre la loi, j’ai voulu protéger mon fils parce que je l’aime.

Mon fils a été mis dans un foyer à Antibes. Ça se passe très bien. Je peux l’avoir au téléphone. Les éducateurs sont très gentils. Je le sens mieux. Je suis rassuré et ça me donne du courage. Je voudrais qu’il reste dans ce foyer. Je montre que j’ai tenu bon et que je me bats pour mon gamin. Je voulais prouver au juge des enfants que je suis quelqu’un de solide.

Une association religieuse m’a payé un hôtel. Quand j’aurais un travail et un logement, je vais faire une demande pour que mon fils vienne vivre avec moi. Je vais y arriver, j’en suis certain. Tout ce que je voudrais, c’est retrouver une vie normale. Avoir un logement, un travail et vivre heureux avec mon fils. On a souffert tous les deux et j’aimerais bien tourner la page."