Pierre est parvenu à surmonter son bégaiement : "On peut s’en sortir"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Pierre raconte qu’il est parvenu à surmonter son bégaiement grâce à son sens de l’humour qui lui permet de ne plus appréhender de prendre la parole. Au micro d’Olivier Delacroix, sur "La Libre antenne", sur Europe 1, Pierre adresse un message d’encouragement : il est possible de surmonter son bégaiement.
TÉMOIGNAGE

Depuis qu’il est enfant, Pierre souffre de bégaiement. Bien qu’il lui arrive encore aujourd’hui de bégayer, notamment lorsqu’il est ému, il est parvenu à surmonter ce trouble. Il explique que c’est grâce à son sens de l’humour qu’il ne bégaie plus. L’humour lui a permis de se détendre, pour ne plus appréhender de prendre la parole devant les autres. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Pierre assure qu’il est possible de surmonter son bégaiement.

"Je suis bègue. Ça ne s’entend pas forcément quand je suis à l’aise et décontracté. J’ai encore parfois ce handicap lorsque l’émotion ou l’énervement me prennent. On peut s’en sortir. Il faut trouver la solution qui permet de s’en sortir. J’ai vécu ce que ressentent les enfants lorsqu’ils sont bègues. C’est vraiment terrible. Je sais ce qu’est la souffrance d’un gamin qui se fait moquer par les autres élèves à l’école. Il faut écouter ces gens, il ne faut surtout pas les regarder avec pitié. 

" Je souhaite à tous les gens qui bégaient de trouver leur solution "

Ce n’est pas un docteur qui m’a donné la solution, c’est moi qui l’ai trouvée. Je souhaite à tous les gens qui bégaient de trouver la leur. J’ai un peu étudié la chose. Le bégaiement, c'est héréditaire. Ma maman, un de mes oncles et mon frère bégayaient. Ça peut remonter à plusieurs générations. Un de mes aïeuls a probablement vécu un traumatisme qui l’a mis en situation de bégaiement. C'est entré dans ses gènes et il l’a transmis ensuite à ses enfants. Ça se transmet de génération en génération. C'est incroyable. 

Je suis vieux. À l'époque, les orthophonistes n'existaient pas. Ma thérapie pour essayer d'arranger ça, c'était des cailloux dans la bouche et me faire lire le dictionnaire en chantant. Ça remonte à 50 ans. Aujourd'hui, il y a des soins nettement plus sophistiqués qu’à mon époque. Voir un orthophoniste, ça aide, mais je ne suis pas certain que ce soit ça qu'il faille faire. Il faut plutôt traiter le côté psychologique de la chose. 

" Chacun a sa solution pour ne plus bégayer "

Ça m'arrive encore de bégayer, mais j'ai pratiquement arrêté lorsque j'ai trouvé ma solution. Un jour, j'avais 17 ou 18 ans, il m'est arrivé de raconter une histoire drôle. Les gens ont rigolé, non pas de mon bégaiement, mais grâce à mon humour. Ce jour-là, j’ai compris que c'était la chance de ma vie. J’ai compris que je pouvais faire rire, non pas par mon handicap, mais par ce que je pouvais dire. 

Une fois que j’ai compris que je pouvais faire sourire par mon sens de l’humour, je n’ai pas arrêté. Quand je travaillais et encore aujourd’hui quand je suis en société, il faut toujours que je sois le premier à dire quelque chose pour faire rire. Ça détend tout le monde, et ça me détend encore plus. Étant détendu, je n’ai plus cette angoisse de parler. Je suis persuadé que chacun a sa solution pour ne plus, ou moins, bégayer.

J'interviens parfois dans des classes pour enseigner la peinture. Un jour, dans une classe de CM2, j'ai tout de suite remarqué un petit qui bégayait. Je me suis revu 50 ans en arrière. Je n'ai pas pu m'empêcher de valoriser sa peinture. Les enfants bègues, ou qui souffrent d'un autre handicap, se trouvent humiliés par rapport aux autres. Il faut absolument les valoriser. C'est ce que j'ai fait ce jour-là. J'ai bien vu son regard briller un peu plus, parce que, pour une fois, on le valorisait par rapport aux autres."