Jean-Marc Sauvé a promis que la commission rendrait ses conclusions "fin 2020". 1:55
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Thibaud Le Meneec
Sur Europe 1, Jean-Marc Sauvé présente l'appel à témoignages lancé par la commission qu'il préside pour faire la lumière sur les abus sexuels dans l'Église et leur traitement par l'institution catholique.
INTERVIEW

"C'est une vaste enquête sociale que nous lançons" : sur Europe 1, Jean-Marc Sauvé, président de la commission éponyme créée pour dresser un état des lieux des abus et des réponses de l'Église, a présenté l'appel à témoignages lancé lundi par cette structure ad hoc pour recueillir la parole des victimes.

En partenariat avec la fédération France Victimes, un numéro de téléphone (01.80.52.33.55), une boîte e-mail (victimes@ciase.fr) et une adresse postale (Service Ciase - BP 30 132, 75 525 Paris Cedex 11) ont été mis en place pour recueillir ces témoignages, alors que les équipes pourront répondre sept jours sur sept, de 9 heures à 21 heures.

Briser le silence "pour que cessent les abus"

"Nous voulons mesurer l'ampleur du phénomène de la pédophilie, l'ampleur des abus et des traumatismes et les raisons pour lesquelles ces abus se sont produits", développe Jean-Marc Sauvé, ancien vice-président du Conseil d'État aujourd'hui à la tête de cette commission qui regroupe 22 experts indépendants. "Est-ce que ce sont des défaillances personnelles ou des systèmes ? On veut aussi connaître les raisons du silence qui, trop souvent, les a entourées, et les conditions du traitement des abus."

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Après l'appel à témoignages, dont l'anonymat est garanti, un questionnaire et des entretiens avec un panel représentatif de victimes seront ensuite menés. "La raison pour laquelle nous commençons par cet appel à témoignages, c'est aussi pour faire mémoire de la souffrance des victimes. Leur parole doit être exprimée et recueillie en priorité, c'est le pilier et le fondement du travail de la commission. Le plus souvent, les abus sexuels ont été couverts par le silence et le silence a contribué à entretenir la souffrance. Il faut briser le silence pour que cessent les abus et que leurs conséquences puissent être enfin surmontées", défend Jean-Marc Sauvé.

" Nous sommes prêts à tout écouter, tout entendre, tout recevoir, même les fardeaux les plus lourds "

Concrètement, "la victime pourra témoigner de ce qu'elle a subi, elle pourra parler, elle sera écoutée", décrit le président de cette Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase), dont les travaux vont durer deux ans. "Nous sommes prêts à tout écouter, tout entendre, tout recevoir, même les fardeaux les plus lourds. Nous voulons accueillir le réel tel qu'il a été et sans le subordonner à ce qu'on voudrait qu'il soit."

L'Église sera prévenue de cas problématiques

Comment les témoignages seront-ils traités par la commission ? "Lors de la phase d'écoute, il sera possible pour la fédération France Victimes, qui gère le numéro national d'aide aux victimes, de donner un soutien juridique et psychologique", précise-t-il. Mais la réponse pourra aussi être judiciaire : "Les enquêtes sont l'affaire de la police judiciaire, du parquet et de la justice. Néanmoins, la loi nous fait obligation et fait obligation à toutes les personnes qui ont connaissance d'abus, de mauvais traitements sur mineurs, de crimes de les signaler au parquet", avance-t-il.

"Il y aura des signalements qui seront faits au parquet dans le cadre de la loi et à chaque fois que la justice n'aura pas été déjà saisie", poursuit Jean-Marc Sauvé. "En parallèle, on attirera l'attention de l'Église catholique sur le fait que tel ou tel signalement a été fait au parquet pour qu'elle puisse prendre des mesures conservatoires, comme suspendre un prêtre" sur la base de témoignages évoquant des abus qu'il aurait commis par le passé.