Patrick Henry, détenu depuis 40 ans, entre autres pour le meurtre d'un enfant, et atteint d'un cancer, a obtenu vendredi une suspension de peine pour raisons médicales, une décision ouvrant la voie à sa sortie de prison, a appris l'AFP auprès de son avocat et du parquet de Melun. La décision est conforme à l'avis de l'administration pénitentiaire et du parquet.
"Ayant exécuté une peine de réclusion criminelle à hauteur de quarante années d'enfermement et compte tenu de la maladie mortelle dont il souffre, nul ne peut raisonnablement considérer cette décision comme une faveur judiciaire injustifiée", a déclaré son avocat Hugo Lévy. La procureure de Melun Béatrice Angelelli a indiqué qu'il pourrait sortir dès samedi.
Un symbole de la lutte contre la peine de mort. Condamné en 1977 à la prison à vie pour le meurtre du petit Philippe Bertrand, 7 ans, Patrick Henry est l'un des plus anciens détenus de France. Il fut aussi un symbole en son temps de la lutte contre la peine de mort, échappant de justesse à la guillotine, grâce notamment à la plaidoirie de son avocat, Robert Badinter, lors de son procès.
Libéré sous conditions en 2001, il était retourné derrière les barreaux, après avoir été interpellé en Espagne avec 10 kilos de cannabis en 2002. Patrick Henry avait ensuite présenté plusieurs demandes de libération conditionnelle, jusque-là sans succès.
Une vie derrière les barreaux :
- 20 janv 1977 : la cour d'assises de l'Aube le condamne à la perpétuité. Il échappe à la peine de mort grâce à la plaidoirie d'un de ses avocats, Robert Badinter, contre la peine capitale.
- 1989 : il est condamné pour trafic de drogue en prison.
- 15 mai 2001 : après plusieurs demandes de libération conditionnelle, il sort de prison.
- 22 août 2002 : amende de 2.000 euros après avoir volé en juin du matériel de bricolage.
- Nuit du 5 au 6 oct 2002 : interpellation près de Valence (sud-est de l'Espagne), en possession de 10 kg de haschich. Extradé, Patrick Henry est condamné le 22 juillet 2003 à quatre années de prison et sa libération conditionnelle est révoquée.
- 14 novembre 2011 : grève de la faim pour protester contre le rejet de ses nouvelles demandes de libération.
- 11 juillet 2014 : le président François Hollande refuse de le gracier.
- 7 janvier 2016 : le tribunal d'application des peines de Melun accepte sa libération conditionnelle mais la cour d'appel de Paris s'y oppose le 31 mars 2016.
- 15 septembre 2017 : atteint d'un cancer, il obtient la suspension de sa peine, pour raison médicales.