Il a fondé une Église évangélique : "Je suis un pasteur de proximité"

  • Copié
Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Ancien soldat américain, Lesly Joseph a décidé de venir évangéliser en France. Il a fondé une Église protestante évangélique, l’Église des Nations. En tant que pasteur, il célèbre le culte et vient aussi en aide aux personnes dans le besoin. Il raconte à Olivier Delacroix comment il envisage son rôle de pasteur. Un témoignage très fort dans le podcast "Dans les Yeux d'Olivier".
TÉMOIGNAGE

Lesly Joseph est un ancien soldat de la Marine américaine. Alors qu’il était en mission au Japon, il a eu la révélation de sa foi. Il raconte avoir vu apparaître en rêve Montmartre et le Sacré-Cœur. Il a alors décidé de venir évangéliser en France, où il a fondé l’Église des Nations, une Église protestante évangélique. Ici, le culte est célébré en chanson de manière festive. Le pasteur raconte à Olivier Delacroix sa vision de la foi et explique son rôle au sein de la communauté religieuse qu’il a créée. Un témoignage issu du podcast "Dans les Yeux d'Olivier".

Tous les dimanches, Lesly Joseph célèbre le culte : "La foi ne se pratique pas lorsqu'on vient le dimanche matin à l'Église, loin de là. Quand on vient à l'Église, c'est plutôt pour se revoir, se bénir, sourire ensemble et partager nos joies. La foi se pratique lorsqu'on quitte ces portes et qu'on se retrouve dehors. La religion se pratique, mais la foi se vit. Le nom n'est pas important. Que tu sois pentecôtiste, baptiste ou évangéliste, le Seigneur t'aime. Parce que la vie ne nous fait pas de cadeaux, accrochons-nous !"

Vous voulez écouter les épisodes de "Dans les yeux d'Olivier"

>> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr et sur Apple PodcastsSpotifyGoogle podcastsDeezerAmazon Music ou vos plateformes habituelles d’écoute.

>> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1

Henri, venu pour la première fois assister au culte à l’Église des Nations, livre aussi ses impressions : "Pour ma part, ce n'est pas la première fois que je vais à l'Église. J’en ai déjà fréquenté plusieurs. Celle-ci, je l’ai trouvée ouverte. Elle s’adresse à tout le monde. C’est une Église jeune, avec un pasteur dynamique qui tient des paroles émouvantes illustrées d’exemples concrets. Je me suis senti bien dans cette Église. On vient par obligation dans les autres Églises. C’est une espèce de fardeau. Il n’y a que des visages fermés. Ici, on voit des visages ouverts. Il y a de la musique. Ça donne envie."

" On se sent vraiment comme dans une famille ici "

Jilva est, quant à elle, presque déjà une habituée : "Ça fait moins d'un an que je vais à l'Église des Nations. Je suis arrivée ici totalement par hasard. Une amie voyait que j'étais mal à un moment donné de ma vie. Elle m'a proposé de venir avec elle et je ne voulais plus partir. On est trop bien ici. Je fréquentais une Église catholique classique. J’ai commencé par du catéchisme, le catholicisme pur et dur. Ce qui me manquait, c'était la joie, la chaleur et l'amour. Dans ce type de structure, c'est très froid. 

Ici, on sent vraiment la chaleur. Quand arrive la première fois, tout le monde vous embrasse. Ils ne vous connaissent pas, mais vous accueillent comme si vous étiez un des leurs. On se sent vraiment comme dans une famille ici. Les Églises traditionnelles devraient ajouter un peu de swing et plus de fraternité. C'est vraiment ça qui manque. J’allais tous les dimanches à l'Église, mais je ne connaissais même pas le nom de mon voisin. Mes amis savent que le samedi soir, il ne faut rien me proposer parce qu'il faut que je me couche tôt. On vient avec plaisir."

" Si nous pouvions ouvrir plus d'Églises des Nations en France, il y aurait beaucoup plus de places vacantes en prison "

Lesly Joseph explique ce qui fait, selon lui, le succès de son Église : "Nous avons plus de 500 membres en France, entre ceux qui sont baptisés et ceux qui participent à cette Église. Je pense que le Français a foi en Dieu, mais il ne sait pas comment le mettre en pratique. À l'Église des Nations, nous apportons des solutions pour qu’une personne puisse vivre sa foi. Je pense que la communauté a besoin d'Églises. Il faut des pasteurs de proximité et j'en suis un. 

Je suis actif dans la communauté du lundi au samedi. Le samedi, je m'occupe des plus démunis de la communauté. Le mardi, mon bureau est ouvert en permanence, du matin jusqu'au soir, pour des rendez-vous. Je parle des problèmes scolaires des enfants, des problèmes financiers de la famille, des difficultés qu'ils traversent. Des courriers sont écrits et des rendez-vous sont pris. Je pense que si nous pouvions ouvrir plus d'Églises des Nations en France, il y aurait beaucoup plus de places vacantes en prison. 

Je suis de nationalité américaine, donc je ne peux pas devenir président de ce pays. Ce que les politiques promettent de faire, ils ne le font pas. Lorsque les services sociaux ou les politiques démissionnent, qui va faire tout ce travail que je fais ? Quand je parle d'un Dieu d'amour, je parle d’un Dieu qui est là pour tous les hommes. C'est mon travail. Je suis un homme qui a quitté son pays pour venir ici et s'occuper de ceux qui en ont besoin."

Lesly Joseph est marié à Sabrina. Cette dernière était de confession musulmane et s’est convertie. Elle raconte la réaction de sa famille : "Ma famille m'a rejetée et a rejeté mon choix. Avec mon père, on a coupé les liens. J'ai essayé plusieurs fois de le contacter à l'époque. C'était très dur pour lui. Je me mets à sa place. En tant que parent, on désire certains choix pour ses enfants. Lorsque l'enfant prend une autre décision, ce n'est pas évident à accepter. Pour mon père, il aurait mieux valu que je vive dans le désordre, plutôt que je devienne chrétienne. C'est la dernière chose qu’il voulait. J'ai subi des railleries, mais ça n'a pas changé ma décision.

Ça fait toujours de la peine de ne pas être près des siens, mais avec le temps, j'ai trouvé une nouvelle famille. Ce que j'ai perdu, je l'ai retrouvé. C'est un peu dur à dire, mais c'est la réalité de ma vie. Mes parents restent toujours mes parents, mes sœurs restent toujours mes sœurs. Je les aime beaucoup. Mais j'ai une famille adoptive à l'Église des Nations. Il y a des femmes musulmanes qui viennent me voir avec beaucoup de pudeur. Quand elles me voient, ça leur donne un modèle. Elles se disent qu’elles peuvent aussi faire des choix dans la vie et être heureuses."

" J’aimerais que le prêtre catholique puisse s'immerger un peu plus dans la réalité "

Lesly confie encore que son couple a fait l’objet de menaces : "Nous avons reçu des menaces du voisinage et de la famille. Je me suis fait tirer dessus deux fois et je me suis fait agresser à l'arme blanche. Nous nous sommes fait agresser dans la rue. On nous a jeté des boulons gros comme un noyau de pêche. Ce n'est pas facile, mais je m'accroche parce que je me dis que c'est peut-être nouveau aujourd'hui qu’une jeune femme maghrébine puisse accepter Jésus-Christ, se marier à un ex GI et qu’ils aient ensemble une Église."

En tant que pasteur, Lesly peut se marier. Il évoque alors le célibat des prêtres : "Selon moi, ce n'est pas humain. Les prêtres ne peuvent pas aider la population au sujet des problèmes de couple et des enfants. Dans l'Église catholique, le prêtre a une position très religieuse. Nous vivons dans le monde réel. Nous affrontons des problèmes et des soucis réels. J’aimerais que le prêtre catholique puisse s'immerger un peu plus dans la réalité. Ce n'est pas avec trois ‘Je vous salue Marie’ qu'on résout un problème avec ses enfants."

" Je pense que Dieu a de l'amour même pour les gens qui sont délaissés "

Le samedi soir, le pasteur se rend dans le quartier parisien de Pigalle pour évangéliser. Pour convaincre les passants de venir à l’Église des Nations, il leur propose un concert de gospel : "On discute un peu avec tout le monde dans le quartier. On présente un concert de gospel. Ce quartier est l'un des plus délaissés par l'Église parce qu'on se dit que c'est trop difficile. Il y a trop de choses qui ne sont pas nommables. Je pense que Dieu a de l'amour même pour les gens qui sont délaissés. Moi, j'aime ce quartier. 

Si je parlais de Jésus qui pardonne les péchés dans un lieu comme celui-ci, je pense que les gens seraient plus agressés qu'autre chose. On peut leur parler de la musique. Ce soir, je suis simplement quelqu'un qui invite, qui les aime, qui sourit et qui n'est pas censé savoir ce qu'ils font. Le dimanche, ils me verront faire l’office en tant que pasteur. Je vous garantis que ça leur fera chaud au cœur, parce que je ne les ai pas gênés."