Paris : polémique après l'installation de rochers sous un pont où dormaient des migrants

Vendredi dernier, la mairie de Paris a installé des rochers anti-migrants sous le pont de la porte de la Chapelle.
Vendredi dernier, la mairie de Paris a installé des rochers anti-migrants sous le pont de la porte de la Chapelle. © ALAIN JOCARD / AFP
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C.P. avec AF , modifié à
Vendredi dernier, la mairie de Paris a installé des rochers anti-migrants sous le pont de la porte de la Chapelle, situé tout près du centre humanitaire ouvert en novembre. 

Il n'est désormais plus possible de dormir sous le pont de la porte de la Chapelle dans le 18ème arrondissement de Paris, comme en avaient l'habitude certains migrants. En effet, depuis vendredi dernier, d'énormes rochers ont été installés sous le pont. Résultat, il est impossible de s'y abriter en attendant d'être pris en charge par le centre humanitaire ouvert juste à côté en novembre.

Depuis plusieurs semaines, un groupe de migrants, essentiellement soudanais, campait sur cette bande de terre coincée entre les voies bruyantes du boulevard proche du périphérique, faute de pouvoir entrer dans le centre où les places de nuit sont toutes occupées. "J'ai dormi entre les blocs", explique à l'AFP Ousma, qui se réchauffe avec une vingtaine d'autres Soudanais sur une grille soufflant de l'air chaud. "Depuis 17 jours, j'essaie de rentrer dans le centre, mais les Afghans m'empêchent".

"Dégoût". L'initiative de mettre en place des rochers fait donc grincer des dents les bénévoles. Pour le collectif Solidarité Migrants Wilson, qui a signalé "avec effroi" cette installation dans un communiqué sur sa page Facebook, les pierres "ont été placées sous ce pont pour empêcher les réfugiés d'y dormir". "Cette occupation hostile de l'espace public" est "indigne", se désole avec "dégoût" le collectif des "P'tis dej' à Flandres". L'association, qui avait été l'une des premières à dénoncer, après Médecins sans frontières, la confiscation de couvertures des migrants à Paris en janvier, accuse une "politique de non accueil" des pouvoirs publics, en droite ligne selon elle de l'édification de barrières sur les lieux des anciens campements - sous le métro aérien notamment. Dans un autre temps, les critiques de personnes qui se disent choquées pleuvent, notamment sur les réseaux sociaux. 

La mairie de Paris se défend. Du côté de la mairie de Paris, on réfute l'idée de rochers anti-migrants. Même si elle a confirmé à Franceinfo être à l'origine de cette installation, elle explique que, "les rochers étaient sur le boulevard Ney depuis octobre et avaient déjà été bougés une première fois". Il s'agirait donc, selon un porte-parole d'un déplacement des pierres "dans le cadre des travaux de réaménagement de la petite ceinture. C'était pour éviter que des gens s'installent sous un pont qui va être détruit de manière imminente. C'était davantage une question de sécurité. On assume, en attendant que des barrières soient installées dans ce secteur". 

Une prise en charge. Pas de "stratégie anti-campements" donc, assure la maire qui indique que 143 personnes, dont la plupart "allaient avoir un rendez-vous" au centre, ont été prises en charge par les services de l'Etat et envoyées dans des centres d'hébergement en Île-de-France ou des centres d'accueil et d'orientation (CAO). Pour désengorger les services et éviter "l'installation de nouveaux campements", la municipalité rappelle aussi avoir fait en sorte d'augmenter le nombre d'entretiens quotidiens, qui peuvent désormais avoir lieu le samedi.