«On ne veut pas du deal» : à Villeurbanne, dans le quartier du Tonkin, les habitants s'organisent contre le trafic de drogue

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Noémie Loiselle (envoyée spéciale à Villeurbanne)/Crédits photo : JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
Trois fusillades ont eu lieu en cinq jours dans le quartier du Tonkin à Villeurbanne près de Lyon. Le trafic de drogue gangrène profondément le Tonkin. Les habitants s'organisent en collectif afin de lutter contre les dealers. Ils demandent plus de moyens de la part de l'État.

À Villeurbanne, près de Lyon, dans le quartier du Tonkin, les habitants vivent l'enfer sur le pas de leur porte. Trois fusillades ont eu lieu en cinq jours dans ce quartier autour de points de deal, faisant un blessé. Deux ont eu lieu en plein jour, à proximité d'écoles, ce qui a suscité une forte inquiétude chez les riverains.

Le collectif "Tonkin paisible" a adressé un courrier à Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur. Le collectif demande plus de moyens de la part de l’État. En attendant, ils ont décidé de prendre les choses en main. Mercredi dernier, ils ont mené une opération à haut risque pour chasser eux-mêmes les dealers.

Une police impuissante ?

"On ne veut pas du deal, on ne veut pas de drogue pour les enfants du Tonkin", déclare une femme. Mercredi dernier, une quinzaine d'habitants du Tonkin s'est ruée sur un jeune d'une vingtaine d'années. Il est guetteur. Depuis quelques semaines, les trafiquants vendent du crack en bas de leur immeuble. Cela est inacceptable pour les habitants.

"On n'a pas le choix. Lorsque quelqu'un est interpellé et emmené par la police, il est remplacé dans la demi-heure qui suit. Lorsqu'une équipe de dix personnes finit par partir en prison, le trafic reprend dès que le dernier policier a tourné casaque. Aucun point de deal n'a été fermé dans le quartier depuis des années. On sait que s'ils s'installent devant chez nous, personne ne les logera et la police n'y arrivera pas", témoigne anonymement un homme auprès d'Europe 1.

Chasser les dealers

Ce mercredi soir, quelques minutes après l'action des habitants, une douzaine de jeunes, capuche sur la tête, le visage caché, les menacent. Mais les membres du collectif ne cèdent pas : "Comme beaucoup d'habitants du Tonkin. On est très attachés à notre quartier qui a tout pour y vivre très heureux. Nous ne laisserons pas les dealers installer", poursuit un membre du collectif.

Ce combat face à ces trafiquants, ils comptent bien le remporter. Ils le promettent : à chaque fois qu'ils reviendront, ils chasseront ces dealers.