À 18 ans, les jeunes migrants perdent leur droit d'hébergement (Photo d'illustration) 1:56
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Pierre Herbulot, à Orléans, édité par Thibaud Le Meneec
Des associations manifestent mercredi après-midi à Orléans pour protester contre la fin du droit d'hébergement pour 140 jeunes majeurs, qui devront continuer à étudier avec 420 euros par mois seulement, sous peine d'expulsion.
REPORTAGE

Dans dix jours, pas moins de 140 jeunes migrants seront à la rue à Orléans. Puisqu'ils ont tous eu 18 ans depuis le début de l'année, le conseil départemental du Loiret leur a donc signifié la fin de leur droit d'hébergement. À la place de ce dispositif, ils recevront une aide de 450 euros pour se loger, se nourrir et se vêtir, tout en continuant d'étudier, sous peine d'expulsion. Plusieurs associations manifestent mercredi après-midi dans le centre-ville d'Orléans pour dénoncer cette situation.

Entendu sur europe1 :
Le 2 septembre, je reprends l'école, mais en même temps, le 31 août, on me demande de sortir

Yves est dans ce cas. Il y a dix jours, ce jeune Centrafricain était encore mineur mais dans dix jours, il dormira dans la rue. Pour sa majorité, il n'a plus droit à une place d'hébergement. À la place, il va recevoir l'allocation jeunes insertion Loiret (l'Ajil), une aide de 450 euros par mois. Une somme largement insuffisante pour se loger et s'acheter de quoi manger. "Une semaine après ta majorité, on te dit que tu es majeur et que tu vas te débrouiller. Le 2 septembre, je reprends l'école, mais en même temps, le 31 août, on me demande de sortir", raconte-t-il au micro d'Europe 1.

Yves est confronté à un problème de taille : s'il arrête ses études pour travailler, il perd son titre de séjour. "On dirait un piège qui se refermerait sur nous. 'Tu vas à l'école', mais je dors où et je fais comment ? 'D'accord, si tu veux, tu travailles', mais quand tu travailles, tu ne peux pas aller à l'école. On est vraiment perdus, on ne sait pas quoi faire."

Une proposition de loi discutée au Sénat

Dans le département, ils sont 140 tout juste majeurs dans la même impasse. "On applique froidement la loi", dénonce Ségolène Petit, membre du collectif de soutien aux jeunes étrangers isolés du Loiret, qui appelle a manifester mercredi après-midi. "C'est violent, on trouve ça inacceptable. Yves fête son anniversaire dans la rue… On leur demande de devenir autonomes, mais on ne leur donne pas les conditions nécessaires pour le faire."

Une proposition de loi discutée prochainement au Sénat doit prolonger l'accompagnement en hébergement de ces jeunes jusqu'à 21 ans. Un délai qui aurait laissé à Yves le temps de valider un CAP ou un bac pro dans l'électronique, de trouver un travail et, comme il dit, "s'insérer dans la société".