"On allait mourir, c'était écrit" : le premier policier à être intervenu au Bataclan témoigne
Un commissaire a raconté, mercredi, qu'il pensait avec son collègue qu'ils "ne franchiraient pas les portes du Bataclan dans le sens retour", le vendredi 13 novembre 2015. Il a insisté à la barre sur le poids des corps qui ont "baigné dans leur sang" et les remords de ne pas avoir pu sauver davantage de victimes.
Au dixième jour du procès des attentats du 13-Novembre, mercredi , le premier policier de la BAC a être entré au Bataclan, quelques minutes après le début de la tuerie , a témoigné à la barre. Ce commissaire était avec l’un de ses collègues et a tué l’un des terroristes au péril de sa vie. Il a raconté son intervention à haut risque qui s'est décidée en un regard échangé entre ce commissaire et son équipier. Ils se sont ainsi mis d’accord pour pousser les portes du Bataclan "en pensant qu’on ne les franchirait pas dans le sens retour", acte d’emblée le policier.
Avec pudeur, il décrit d’abord "un tapis de corps", et puis une voix, celle d’un terroriste qui menace un otage près de la scène.
Et puis une voix, "celle de S. Amimour qui hurlait "couche toi au sol!' à un otage, en marchant presque résigné, les mains sur la tète (...) c’était le seul survivant pour nous, il allait abattre le terroriste, on avait que quelques secondes pour réagir" #proces13novembre
— Gwladys Laffitte (@Gwwla) September 22, 2021
Le fonctionnaire tire quatre coups, le terroriste tombe, et se fait exploser. Dans sa kalachnikov, une cartouche est chambrée ; le commissaire vient de sauver l’otage, avant d'être ensuite la cible de tirs. Par reflexe, il dit adieu à ses proches. "On allait mourir ce soir là, c’était écrit", explique-t-il.
"Les gens ont commencé à comprendre qu’il y avait une intervention en cours, on sentait que la mort se propageait, les gens mourraient devant nous, c'était dur à vire, à qq mètres, et on pouvait rien faire" la fosse étant à découvert #proces13novembre @Europe1
— Gwladys Laffitte (@Gwwla) September 22, 2021
Un garçon de 5 ans sous les corps
Cependant, le commissaire sort et rentre trois fois dans le Bataclan et sauve d’autres victimes qu’il tire de la fosse, alors à découvert. Ce sont "des personnes lourdes car elles avaient baigné dans le sang", précise-t-il. Sous des corps, il trouve un petit garçon de 5 ans, un casque anti-bruit sur les oreilles. Il est vivant aujourd’hui.
L'assesseure demande s'il n'y avait pas de pompiers ou médecins qui procèdent aux 1eres évacuations "Pas dans la fosse, mais il y avait un médecin bri ou raid au vestibule pour faire un 1er tri médical" #proces13Novembre @Europe1
— Gwladys Laffitte (@Gwwla) September 22, 2021
Malgré ces vies sauvées, le commissaire exprime un remord : ne pas avoir pu extraire d’autres victimes. "On n’avait que notre courage à opposer aux terroristes, on ne pouvait pas aller plus loin. Ce poids du regret et de la culpabilité accompagne chacun des policiers depuis ce jour", affirme-t-il.