Œufs contaminés : "si les doses avaient été très fortes, les poules seraient mortes"

© Marcel Kusch / dpa / AFP
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Virginie Salmen, avec A.H.
Déjà testé sur l'homme, utilisé comme anti-puces pour animaux domestiques, le fipronil est bien connu. Selon un toxicologue interrogé par Europe 1, le risque pour l'homme est très faible.

Alors que le scandale s'étend après la découverte d'œufs pollués au fipronil, le ministère de l'Agriculture lance la traque aux œufs contaminés. Une vaste enquête vient d'être lancée au niveau national : tous les établissements qui transforment des œufs vont être contrôlés, et 4.500 agents vont remonter les pistes jusqu'aux rayons des grandes surfaces. Une opération qui vise autant à comprendre qu'à rassurer. L'Agence de Sécurité Sanitaire doit évaluer d'ici vendredi le niveau de toxicité de l'insecticide pour les consommateurs, mais on sait déjà que le risque est très faible.

"Le risque dépend évidemment de la dose". En effet, le fipronil n'est pas une substance inconnue, loin de là. Elle est même le principe actif des antipuces les plus vendus pour animaux domestiques, sous la marque Frontline. Ses effets sur l'homme ont déjà été testés, à la demande des autorités sanitaires, en 2005. À l'époque, le toxicologue Jean-François Narbonne faisait partie du groupe d'experts missionnés. Pour lui, cet antipoux vaporisé sur les plumes des poules ne peut passer qu'en très faible quantité dans l'œuf. "Il faut savoir que le fipronil est une copie de la nicotine, et qu'il est même moins toxique. C'est un danger, mais le risque dépend évidemment de la dose. Quand on fume une cigarette, on ne tombe pas raide mort. Si les doses avaient été très fortes, les poules seraient mortes", avance-t-il sur Europe 1.

"Scandale sanitaire" ou pas ? Pour le Professeur Narbonne, il s'agit donc davantage d'une non-conformité des œufs que d'un risque de santé publique. Pour Foodwatch en revanche, l'affaire des œufs contaminés a tout d'un "scandale sanitaire". Sur Europe 1 mercredi, Ingrid Kragl, directrice de l’information de l'ONG, a tiré la sonnette d'alarme sur le manque d'informations en France sur cette affaire, et a pointé du doigt la responsabilité des autorités et des industriels dans cette "omerta".