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Virginie Salmen et Benjamin Peter, édité par R.D.
L’épisode de très forte chaleur qu’a connu la France la semaine passée a montré les limites des bâtiments scolaires. Des solutions existent, mais elles sont coûteuses.
ENQUÊTE

Vendredi dernier, jour du pic de chaleur, près de 4.000 écoles ont fermé leurs portes, selon le Premier ministre Edouard Philippe. Un chiffre qui montre qu’un grand nombre d’établissements scolaires n’est pas armé pour affronter des canicules. Du fait, d’abord d’une mauvaise isolation thermique.

92% des collèges et lycées ont un problème, avec le chaud ou le froid

Pour autant, impossible d’avoir une photographie précise de la situation, puisqu’aucun inventaire des 63.000 bâtiments scolaires n’a été mené à ce jour. Ça représente tout de même 150 millions de mètres carrés. C’est pour cela qu’un "Monsieur bâti scolaire" va être nommé d'ici 15 jours. Et qu'un état des lieux a été lancé il y a 6 mois. Ce que l'on sait en revanche, c'est que les profs ou les élèves ont signalé des problèmes de chaleur - ou au contraire de froid, l'hiver -, dans 92% des collèges et des lycées interrogés ! C'est un chiffre issu d'une récente enquête du Cnesco, le Conseil à l'évaluation du système scolaire.

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Les bâtiments qui posent problème - la bête noire des personnels - ce sont les fameux collèges ou écoles Pailleron, à structure métallique et panneaux de bois, qui emmagasinent la chaleur et sont très sensibles aux incendies. Il en reste quelques uns sur le territoire. Beaucoup plus répandues sont ces écoles construites après, dans les années 1970-1980, avec une isolation légère, en tout cas insuffisante pour faire obstacle aux 40 ou 45 degrés que les élèves doivent supporter dans certaines régions.

Finalement, les écoles dans lesquelles il fait bon étudier en ces jours de fortes chaleurs, ce sont les écoles du 19ème siècle avec des murs épais ou même, par exemple en Bretagne, les cloîtres transformés en collèges.

Les écoles récentes adaptées à tous les temps, ça existe

Pourtant, des constructions plus récentes adaptées à tous les temps, cela existe. Mais c’est cher. A Saint-Antonin-Noble-Val, petit village du Tarn-et-Garonne de 2.000 âmes, la mairie a investi pas moins de 3, 8 millions d'euros dans son école. Tout a été repensé, et l’efficacité est au rendez-vous. "Au niveau de la température, vendredi après-midi quand il faisait très chaud, dans ma classe il faisait 27 degrés en fin de journée, alors que dehors c’était très chaud. On a l’impression qu’il faisait frais dans l’école", assure la directrice de l’établissement.

Si le bâtiment parvient à garder cette fraîcheur, même au plus fort de la canicule, c’est d’abord qu’il est constitué à 80% de bois. Les baies vitrées sont en triple vitrage. La recette : aucun pont thermique à déplorer, dans la charpente, de l’ouate de cellulose pour isoler, et dans les murs, très épais, plusieurs centimètres de fibres de bois, et du métisse, un matériau fait avec des vêtements recyclés… Enfin, tout un système de ventilation veille à conserver une température quasi constante, été comme hiver.

Coût élevé

Evidemment, on ne va pas construire des écoles neuves partout. Il faut pourtant trouver des solutions pour adapter les établissements scolaires à une situation de canicule appelée à se répéter à l’avenir. La climatisation est écartée par la grande majorité des maires, rebutés par le caractère bien peu écologique et par le coût d’une telle installation.

Alors c'est souvent un vrai casse-tête. Parce qu'une isolation optimale, ça se pense dès la construction. Donc certaines communes envisagent par exemple d'appliquer des films teintés sur les grandes baies vitrées ou encore d'équiper chaque classe de ventilateurs, comme à Paris par exemple. Mais pour être efficace, à défaut de détruire pour reconstruire, il faudrait au moins faire une isolation extérieure des murs. Sauf que là encore, le coût est élevé. Une certitude : les mairies, les départements ou encore les régions vont devoir mettre la main à la poche dans les mois ou les années qui viennent.