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Clémence Olivier , modifié à
L'an dernier, Lili 31 ans, a décidé d'engager une transition pour changer de genre. Au micro d'Olivier Delacroix, sur Europe 1, elle raconte comment elle s'est lancée et comment son entourage a réagi à sa nouvelle identité.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Pendant des années, Lili ne s'est pas sentie à sa place, elle n'était pas elle-même. Surtout elle ne se reconnaissait pas le corps qu'on lui avait assigné à la naissance : celui d'un homme. A 30 ans, elle a décidé d'engager une transition pour changer de genre. Jeudi, au micro d'Olivier Delacroix sur Europe 1, elle explique combien il a été difficile de mettre des mots sur ce qu'elle ressentait et combien il était complexe d'entreprendre une transition.

"Petit, je ne me sentais pas à ma place dans les vestiaires garçons, j'étais mal à l'aise d'être torse nu devant d'autres garçons. C'était pareil à la plage ou à la piscine. C'était dur de supporter le regard des gens. J'avais ce mal-être qui était là en permanence. Enfant, adolescent, personne n'était d'ailleurs au courant de ce que je ressentais. Je n'en parlais pas car je ne savais pas comment exprimer ce mal être.

Même plus tard, jeune adulte, je ne savais pas que la transidentité existait. Le premier mot qui m'est venu était celui de 'travesti', c'est à dire une personne qui, en général, est un homme et qui se déguise en femme. C'est ce qui m'est arrivé au début. Mais quand vous tapez le mot 'travesti' sur Internet, c'est horrible. Le mot est affilié à 90% au sexe alors que ce n'est pas du tout ça en réalité.

A 30 ans, il décide de se lancer et de l'annoncer à sa compagne et mère de son fils

Elle a cru que ça venait d'elle alors que ce n'était pas du tout le cas. C'était simplement un mal être que j'avais en moi depuis des années. Mais elle l'a très mal pris et on en est venu à se séparer.

Ma transition a également été mal perçue par mon père. Il pensait que c'était juste de l'amusement et un déguisement. Il ne pensait pas qu'il y avait une transidentité qui se cachait derrière tout ça. Aujourd'hui, nous sommes toujours en contact mais on ne parle pas de ça. Je n'ose pas aller vers lui pour aborder ce sujet.

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

En revanche, son garçon de 8 ans accepte tout de suite ce changement

Avant de commencer vraiment la transition je voulais en parler avec mon fils. Un soir, on s'est posé calmement dans sa chambre pour discuter. Il a été diagnostiqué dyslexique léger et il est très introverti, se sent différent. Alors je lui ai dit que moi aussi j'étais différent, que je ne me reconnaissais plus en tant qu'homme et que j'allais passer de l'autre côté. Sa réaction a été des plus adorables. Il a hoché la tête m'a dit 'c'est bizarre mais d'accord' et il m'a fait des câlins et des bisous. Ça a été une libération d'entendre ça de la bouche de mon fils. C'était énorme. Je l'ai ensuite dis à mon travail. Mon patron l'a tout de suite accepté, compris et il s'est même dit prêt à faire des aménagements sur mon lieu de travail.

Pour changer le regard sur les personnes transgenres, souvent stigmatisées, Lili plaide pour une meilleure information

C'est le manque d'information qui fait que les personnes en transidentité sont jugées, reçoivent des insultes aussi. Selon moi, c'est surtout une histoire d'éducation. Dès l'école ou dans les familles, il faudrait sensibiliser les enfants. Simplement leur dire que ça existe, qu'il n'y a pas que des hommes et des femmes, mais qu'il existe aussi des personnes en transidentité. "