NDDL : des milliers d'opposants fêtent sur la ZAD l'abandon du projet d'aéroport

L'ambiance était pour le moins festive samedi sur la ZAD de NDDL.
L'ambiance était pour le moins festive samedi sur la ZAD de NDDL. © JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
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avec AFP
Quelque 8.000 personnes ont célébré samedi l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes dans une ambiance digne d'un carnaval.

C'est "un jour de fête" pour les zadistes. Des milliers d'opposants défilaient samedi sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes pour célébrer l'abandon du projet quinquagénaire d'aéroport et réaffirmer leur détermination à gagner une deuxième bataille : celle de la gestion collective des terres. Au son de fanfares et dans une ambiance bon enfant, les manifestants, de tous âges, munis de bottes ou de chaussures de randonnée, se sont élancés d'un pas tranquille sur les chemins de la ZAD, un vaste territoire de bocage de 1.650 hectares.

Des tracteurs en chars pour ce "carnaval". Un triton géant crêté et des tracteurs transformés en chars ont pris part à ce défilé "carnavalesque", qui s'est élancé vers 13h30, en deux cortèges distincts, sous un ciel menaçant. À 14h30, 8.000 personnes étaient présentes sur le site, selon la préfecture. "C'est un jour de fête ! On voulait célébrer ça avec ceux qui se sont battus et les remercier pour cette victoire", lance Michèle Roux, 62 ans, partie "à 1h du matin" de Dordogne. Annoncé le 17 janvier par l'exécutif, l'abandon du nouvel aéroport nantais est devenu définitif vendredi avec l'expiration du décret qui le déclarait d'utilité publique (DUP), signé il y a dix ans. 

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Le point d'orgue de cette mobilisation était attendu vers 15h, dans un champ de la ferme de Bellevue où a été brûlée une grande effigie de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ce "jour de carnaval" marque "la genèse de l'avenir du bocage", selon le mouvement anti-aéroport.

"Notre-Rêve-des-Landes". Beaucoup de manifestants avaient collé sur leur sac à dos un tout nouvel autocollant : "Notre-Rêve-des-Landes". Les opposants défendent désormais un projet collectif de gestion de l'usage des terres de la ZAD, comme cela s'est fait au Larzac. Sous le mot d'ordre "Enracinons l'avenir", les manifestants étaient appelés à venir chacun avec un arbre ou une plantation, pour envoyer un signal fort à l'État avant l'ouverture des négociations sur le devenir agricole du site. "Le moment le plus enthousiasmant et exaltant commence aujourd'hui. Il faut qu'on montre qu'on reste complètement déterminés à continuer à prendre soin de ce bocage", dit une occupante de la ZAD. 

Cette démonstration de force vise aussi à "réaffirmer le refus des expulsions" après le 31 mars, date butoir fixée par l'État pour que les occupants illégaux rentrent "dans la légalité". Malgré ces autres revendications à l'issue encore incertaines, les militants ont prévu de festoyer jusque tard dans la nuit, autour de cinq scènes musicales.

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Un contre-rassemblement des pro-aéroports.
À une trentaine de kilomètres plus au sud de ce rassemblement, 200 "riverains en colère" ont manifesté à Bouguenais, près de Nantes, contre la "démocratie bafouée" après l'abandon du projet de transfert de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Les manifestants, dont certains arboraient des pancartes "La violence a gagné" ou "Macron trahison", ont glissé leurs cartes d'électeurs dans un cercueil disposé à cet effet.  Dans une ambiance morose, ils ont hué les survols d'avion, qui atterrissent à l'aéroport de Nantes-Atlantique, situé non loin du lieu de la manifestation.