Après un divorce, Nathalie a vu ses enfants s'éloigner : "Ça s’est passé brutalement"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Nathalie a connu un divorce difficile, après lequel ses enfants se sont éloignés d’elle. Elle a été accusée de corruption de mineur et a failli perdre son autorité parentale. Elle pense que la femme de son ex-mari le manipule ainsi que ses enfants. Sur "La Libre antenne", elle se confie sur son combat pour retrouver ses enfants.

Après un divorce difficile, Nathalie a vu ses enfants partir vivre à La Réunion avec leur père et leur belle-mère. Quelques temps plus tard, elle a été convoquée pour corruption aggravée de mineur, se voyant accusée d’être une mère incestueuse et découvrant que son fils aîné avait fait plusieurs tentatives de suicide. Elle accuse leur belle-mère de manipulation après avoir découvert que cette dernière lui cachait certaines choses. Elle raconte son combat judiciaire à Olivier Delacroix au micro de "La Libre antenne" sur Europe 1.

"J’ai vécu 15 ans avec le père de mes deux fils, mais après une relation extra-conjugale il a décidé de me quitter en 2015, pour partir vivre avec la femme qu’il avait rencontrée. Tout s’est passé assez brutalement. Au début, j’ai très mal considéré la venue de cette femme. Petit à petit, elle a copiné avec moi, m’a montrée patte blanche. Elle me montrait qu’elle était respectueuse, et que les choses allaient bien se passer pour les enfants.

" J’avais l’impression de ne pas être une bonne maman "

Pour le bien de mes enfants, j’ai cédé ma place dans le domicile conjugal à cette femme. De toute façon, j’avais prévu de ne pas rester dans cette maison que mon ex-mari voulait garder. Je me suis mise dans une situation difficile parce que j’étais en intérim. Je me suis retrouvée sans logement, hébergée chez des amis, à droite et à gauche.

J’ai accepté cette situation parce qu’à ce moment-là, j’étais dans une grande fragilité psychologique. Je ne m’en étais pas rendu compte tout de suite. Je sentais que la confiance en moi s’en allait petit à petit. J’avais l’impression de ne pas être une bonne maman, de ne pas faire les choses bien. Je me suis écrasée et j’ai laissé ma place.

" Mes enfants se cachaient pour passer des coups de fil à leur belle-mère et leur père "

J’ai rencontré quelqu’un à la fin de l’année 2015, qui m’a proposé de m’installer chez lui. J’ai accepté parce que je n’avais pas de logement fixe. Lui aussi avait deux enfants et mes garçons ne l'ont pas accepté. Neuf mois plus tard, j’ai été mise à la porte de chez cet homme avec mes enfants. J'étais de nouveau sans logement. La situation était devenue compliquée avec mes enfants qui m'en voulaient pour beaucoup de choses. Je les laissais très souvent chez leur père.

En octobre 2016, j’ai récupéré la part de la maison qui m'était due. J’ai acheté un petit logement non loin de chez mon ex-mari. Malgré le foyer que j’offrais à mes enfants, ils étaient très agressifs. Arrivés chez moi pour le weekend, ils se cachaient pour passer des coups de fil à leur belle-mère et leur père qu'ils venaient de quitter. Quand mes enfants étaient là, l’atmosphère était pesante et je perdais pied.

" Je ne me suis jamais sentie aussi loin de mes enfants en étant aussi près d'eux "

Leur père ne voulait plus me parler, mon interlocuteur principal est devenu sa femme. A la fin de l’année 2017, j’ai appris qu’ils allaient partir vivre à La Réunion. Je crois que je n'avais pas réalisé le départ de mes enfants. Ils me faisaient sentir qu'ils avaient envie de partir. J'estimais que c'était une chance pour eux de voir une autre région. Je me disais aussi que la distance allait peut-être améliorer nos relations.

A la Toussaint, je suis allée les voir à la Réunion. J’ai pu voir mes enfants seulement trois fois. A chaque fois leur belle-mère est présente. Elle me disait que les enfants ne voulaient pas venir si elle n’était pas là. Je n’ai eu aucun moment d'intimité avec mes fils. Je ne me suis jamais sentie aussi loin de mes enfants en étant aussi près d'eux. Je n’avais plus envie de souffrir, alors j’ai décidé d'avaler une tablette de médicaments pour ne plus me réveiller. Je me suis réveillée des heures plus tard, complètement sonnée.

" Ils voulaient m'effacer de la mémoire de mes enfants "

Ils avaient l'air de mener une vie de rêve à la Réunion, mais un jour j’ai reçu un appel de leur belle-mère. Elle m'explique que mon aîné est hospitalisé en pédopsychiatrie, mais ne me dit pas clairement ce qu'il a. J'appelle l'hôpital. Je ne comprends pas bien. On me dit que mon fils a des angoisses, qu’il a déjà fait plusieurs tentatives de suicide. Je décide de travailler au corps sa belle-mère pour lui faire cracher le morceau. Elle me dit que mon fils a subi des choses quand il était petit, que mon père serait mis en cause, et qu’une une enquête est ouverte.

Je décide de ne plus adresser la parole à mon père dans l'attente de l'enquête, mais je commence à avoir des doutes sur la sincérité de cette dame. Mon instinct ne me trompe pas. Par exemple, je trouve bizarre de ne pas recevoir les bulletins scolaires de mes enfants à mon domicile. Je décide d'appeler leurs écoles. Je tombe des nues parce que les écoles n'ont pas connaissance de mon existence. Ils voulaient m'effacer de leur vie, de la mémoire de mes enfants et de leur vie affective.

" On veut me retirer mon autorité parentale "

A partir de ce moment-là, je décide de couper les ponts avec cette femme et de continuer mon enquête toute seule. En septembre 2018, je reçois une convocation devant le juge ayant pour motif corruption aggravée sur mineur. Je vois que l'on veut me retirer mon autorité parentale. Je réalise que mon père n'est pas le seul à être incriminé. Je ne sais pas ce que l’on me reproche. Je prends une avocate et l’on commence à monter le dossier avec des témoignages de l'entourage.

Parallèlement, j’apprends que la belle-mère de mes enfants a retiré son autorité parentale au père de son enfant. Je retrouve cet homme sur les réseaux sociaux. Il m'explique qu'il a été manipulé par son ex-femme pendant deux ans. Elle a réussi à lui retirer son autorité parentale sous prétexte qu'il était violent, alors qu'il assure qu'il ne l'était pas. Cela fait dix ans qu’il n’a pas vu son enfant. Je lui apprends que son fils est à La Réunion avec mes enfants. Lui s'est résigné.

" Il n'y a pas eu un soir sans que je me demande ce que mon fils a subi "

L'audience a eu lieu au mois de février 2019 à La Réunion et a duré un quart d’heure. Mon ex-mari a demandé son report. Je suis repartie bredouille. Entre temps, j’ai enfin été convoquée au commissariat au mois d’avril, à la brigade des mineurs. Cela faisait un an que je l'attendais. Il n'y a pas eu un soir sans que je me demande ce que mon fils a subi. Le pire c'est que je n'ai pas été là pour lui et on ne m'a pas laissé lui parler.

Dans les procès-verbaux, il est écrit que je suis une mère très impudique qui se balade nue, qui se rase les parties génitales devant ses enfants, qui leur montre son anatomie. Je ne comprends pas. On constate, avec la policière, des incohérences dans les procès-verbaux. L'enfant dit quelque chose puis se rétracte. Ce que l'enfant décrit comme un câlin du soir, on essaye de le détourner pour m'accuser de relations incestueuses. L'image est salie à l'extrême. J'ai le sentiment de ne pas avoir eu le droit de m'exprimer. Des psychiatres m’ont cataloguée de mère incestueuse dans leurs comptes rendus sans jamais m'avoir rencontrée.

Je fais partie d'un collectif avec d'autres parents qui sont dans la même situation que moi. J'étais persuadée que j'étais un cas isolé, mais nous sommes des milliers à ne pas être entendus. Je continue mon combat juridique. Je veux qu'on évoque le syndrome d'aliénation parentale. Une contre-expertise serait judicieuse parce qu'une personne manipulatrice, peut aussi manipuler les corps juridique et médical . La manipulation psychologique des enfants c'est un délit. Je pense à mes enfants avant tout et c'est pour eux que je me bats."