Murielle est schizophrène et fréquente encore son ex-mari : "Ça me fait du bien de le voir"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
La schizophrénie de Murielle a eu un impact sur son mariage. À l’époque elle ne se soignait pas et sa maladie lui causait bouffées délirantes et hallucinations. Elle se confie à Olivier Delacroix, sur "La Libre antenne", sur sa relation avec son ex-mari qu’elle continue de fréquenter et qui s’occupe d’elle.
TÉMOIGNAGE

Murielle est schizophrène et sa maladie a eu un impact sur son mariage. Bien que son ex-mari et elle aient divorcé depuis neuf ans, ils continuent de se fréquenter. Elle voit en lui son équilibre. Murielle raconte à Olivier Delacroix, au micro de "La Libre antenne" sur Europe 1, comment sa maladie, qui lui causait bouffées délirantes et hallucinations, a touché sa relation avec son ex-mari.  

"Je suis schizophrène depuis l’âge de 33 ans. J’ai 52 ans aujourd’hui. Mon ex-mari est toujours dans ma vie, bien que nous soyons divorcés depuis 2011. Lorsqu’on était mariés, j’étais alcoolisée tout le temps. Je ne me soignais pas, alors j’avais des bouffées délirantes, des hallucinations auditives et visuelles. Nous voulions un enfant, malheureusement je suis stérile. J’avais 43 ans à l’époque, l’âge limite pour faire une fécondation in vitro. Le jour où mon ex-mari devait faire un don de sperme, il n’a pas voulu y aller.

En 2011, j’ai perdu mon papa, j’ai été hospitalisée et j’ai divorcé. Ça a été une année assez difficile, mais nous n’avons jamais coupé le lien. Il vient me voir trois ou quatre fois par semaine. On a toujours des relations intimes. Il s’occupe de moi, il est pur. Il est très croyant, c’est beau sa manière de croire. Il est courageux, il travaille dur, il a une vie droite, il est gentil. Ça me fait du bien de le voir, c’est mon équilibre.

Sa famille voudrait qu’il refasse sa vie

Je lui demande à chaque fois pendant combien de temps il va encore me faire attendre. Depuis 2011, ça fait neuf ans que je patiente. Alors il me répond qu’il veut vivre seul. Je me demande si ce n’est pas une histoire de famille et de religion. Je crois que sa famille, qui est en Algérie, voudrait qu’il refasse sa vie avec une femme musulmane et qu’il ait un enfant. Il est plus jeune que moi, il a huit ans de moins.

Il y a trois ans, il est allé voir sa famille en Algérie. Quand il est revenu, il m’a dit qu’ils lui avaient présenté une femme de trente ans et qu’ils s’étaient fiancés. Finalement je ne sais pas ce qui s’est passé. Au bout de 2 mois, il m’a annoncé qu’elle avait rompu les fiançailles.

Il a des grandes périodes de dépression et il n’exprime pas ce qu’il a en tête. Je lui demande de me dire ce qui ne va pas. Avant-hier je lui ai dit : ‘Pour que plus rien ne nous sépare, on n’a qu’à se marier devant un imam et devant Dieu, une fois que je me serai convertie.’ Il a eu un regard, une expression sur son visage, c’était beau. Il m’a dit d’arrêter de me poser des questions.

L’autre jour on parlait de la retraite. Je lui ai demandé à quel âge il pourrait partir à la retraite, parce qu’il fait un métier pénible. Il m’a répondu : ‘Je ne sais pas, je dirais vers 62 ou 64 ans, selon ce qu’ils vont décider. De toute façon, quand je serai à la retraite je partirai en Algérie. J’aurai 1.000 euros, je vais les convertir en dinars et je serai riche’. Alors je lui ai demandé : ‘Mais tu m’emmèneras avec toi, tu ne vas pas me laisser toute seule ici’. Il m’a dit : ‘Oui, mais on ne sait jamais ce qui peut se passer’."