Photo d'illustration. 2:30
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Guillaume Biet avec Laetitia Drevet
Selon une expertise, Cédric Chouviat aurait répété à sept reprises "J'étouffe" au moment de son interpellation. Ses proches affirment mardi ne "pas comprendre" que les quatre policiers mis en cause n'aient pas été suspendus. De leur côté, les agents disent ne pas l'avoir entendu. 

"Arrête", "Je m'arrête", puis "J'étouffe" prononcé à sept reprises : tels sont les mots de Cédric Chouviat au cours des 22 secondes de son interpellation, selon une expertise datée du 21 avril, révélée par Le Monde et Mediapart. "Quand vous entendez sept fois votre fils dire cela, c’est dur. En gros c’est 'crève salopard', parce que sa plaque était sale. On ne lui a laissé aucune chance", a dénoncé son père lors d'une conférence de presse qu'il a tenu mardi, avec la veuve et les enfants de Cédric Chouviat. 

Les avocats dénoncent le "déni" des institutions 

Le 3 janvier, cet homme de 42 ans travaillant comme livreur, avait été victime d'un malaise cardiaque aux abords de la Tour Eiffel après avoir été plaqué au sol, casque sur la tête, par des policiers au terme d'un contrôle routier tendu. L'expertise révélée lundi repose sur des enregistrements issus du téléphone de Cédric Chouviat, d'une vidéo filmée par une policière sur place, et d'une autre filmée par un automobiliste.

Les quatre policiers ont été entendus mercredi dernier en garde à vue. Les proches de Cédric Chouviat attendent qu'ils soient mis en examen, et disent "ne pas comprendre" que les agents n'aient toujours pas été suspendus.

 

Quant aux avocats de la famille, ils dénoncent des "violences policières permanentes", un "déni" et un "mépris" des institutions, tout en saluant le travail des juges. Maître William Bourdon pointe du doigt l’attitude des policiers. "Au lieu de s’arrêter ils continuent, parce qu’ils sont dans l’obsession d'une immobilisation parfaitement acquise. On voit bien que cette technique entraîne une perversion. Elle conduit à s’acharner sur un homme", plaide-t-il au micro d'Europe 1. 

Les policiers n'auraient "pas entendu"

Les avocats des policiers ont de leur côté affirmé mardi que les quatre agents mis en cause n'avaient "pas entendu" Cédric Chouviat. "Lorsque les policiers en garde à vue ont été confrontés à ces propos, ils ont été à la fois surpris et effondrés. Effondrés parce que s’ils avaient entendu ces propos ils auraient aussitôt arrêté ce qu’ils étaient entrain de faire", affirme maître Thibault de Montbrial. 

Si ces propos sont audibles dans l'expertise du 21 avril, c'est parce qu'ils ont été "enregistrés par le casque-micro" du livreur, selon Thibault de Montbrial. Il "avait le micro tout près de la bouche", assure-t-il. Il affirme par ailleurs que le bruit de la lutte entre Cédric Chouviat et les policiers ainsi que celui de la circulation voisine ont pu empêcher les agents d'entendre ses mots. "Si les enquêteurs avaient eu le moindre doute sur le fait que tel ou tel policier avait menti sur ce point, il y avait une manière procédurale simple, qui permet de déférer les gens à la fin de leur garde à vue. Or ce choix n’a pas été celui des juges d’instruction", argumente leur avocat. 

Les quatre policiers sont convoqués début juillet par le magistrat instructeur. La famille de Cédric Chouviat a appelé plusieurs fois le président de la république, lui demandant de s'exprimer et d’interdire aux policiers de pratiquer la clef d’étranglement. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé l'abandon futur de cette technique début juin, mais elle reste autorisée en attendant la définition d'une méthode alternative.