Mort d'Adama Traoré : les gendarmes entendus pour la première fois par la juge

La famille Traoré (ici Assa Traoré, la sœur d'Adama) vient de saisir le conseil départemental de l'Ordre des médecins des Hauts-de-Seine.
La famille Traoré (ici Assa Traoré, la sœur d'Adama) vient de saisir le conseil départemental de l'Ordre des médecins des Hauts-de-Seine. © AFP
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avec AFP , modifié à
Les auditions des trois gendarmes qui ont procédé à l'interpellation d'Adama Traoré en 2016 sont entendus mardi et mercredi. Une étape importante dans l'enquête. 

Les trois gendarmes qui ont procédé à l'interpellation d'Adama Traoré en 2016 sont entendus pour la première fois cette semaine par la juge chargée d'enquêter sur la mort du jeune homme, ont indiqué mardi des sources proches du dossier.

Ces auditions, qui ont commencé mardi et doivent se poursuivre mercredi, marquent une étape importante de l'enquête après une ultime expertise médicale à décharge pour les gendarmes.

La responsabilité des gendarmes écartée mi-septembre par les experts. Adama Traoré a été qualifié de "symbole des violences policières" lors d'une manifestation de ses défenseurs, en novembre 2016 à Paris. Dans leurs conclusions rendues mi-septembre, les experts ont écarté la responsabilité des fonctionnaires dans la mort de ce jeune homme de 24 ans, le 19 juillet 2016 dans le Val-d'Oise, sans convaincre sa famille qui continue d'évoquer un "déni de justice".

Mort dans la cour de la gendarmerie. Depuis le début de l'affaire, ses proches dénoncent une "bavure" des gendarmes et les accusent de ne pas avoir porté secours au jeune homme, laissé menotté jusqu'à l'arrivée des pompiers. Le décès d'Adama Traoré avait été constaté près de deux heures après son arrestation à Beaumont-sur-Oise par les gendarmes qui l'avaient maintenu au sol sous le poids de leurs corps. Adama Traoré avait eu un malaise dans leur véhicule avant de décéder dans la cour de la gendarmerie de la ville voisine de Persan. Cinq nuits de violences avaient suivi dans ce département situé au nord de Paris. Très vite, le parquet de Pontoise avait communiqué les résultats d'une première expertise intermédiaire réalisée par un médecin-légiste qui attribuait le décès à une cardiomyopathie et à un état infectieux.

Un décès attribué à une maladie génétique. Deux ans plus tard, l'expertise médicale de synthèse, remise mi-septembre à la juge d'instruction parisienne qui a repris le dossier, a conclu que "le pronostic vital (était) engagé de façon irréversible" avant cette interpellation. Le rapport des quatre médecins conclut qu'une maladie génétique, la "drépanocytose", associée à une pathologie rare, a entraîné une asphyxie à l'occasion d'un épisode de stress et d'effort. Ce dernier rapport écarte aussi définitivement l'hypothèse initiale du légiste, déjà remise en cause l'an dernier par une contre-expertise intermédiaire.

L'Ordre des médecins des Hauts-de-Seine saisi par la famille. La famille Traoré, qui estime que le premier médecin a produit un diagnostic erroné en connaissance de cause, vient de saisir le conseil départemental de l'Ordre des médecins des Hauts-de-Seine  -département où exerce habituellement ce médecin- en lui demandant d'engager une procédure disciplinaire pour "manquement déontologique".