Lors d'une manifestation en mémoire d'Adama Traoré. 1:38
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avec AFP / Crédits photo : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP , modifié à
Un non-lieu a été prononcé pour les gendarmes qui ont interpellé Adama Traoré, en juillet 2016. La mort du jeune homme noir âgé alors de 24 ans avait été érigée en symbole des violences et du racisme dont sont accusées les forces de l'ordre. L'avocat de la famille d'Adama Traoré va faire appel de cette décision.

Les magistrates chargées des investigations sur la mort en juillet 2016 d'Adama Traoré, érigée en symbole des violences et du racisme dont sont accusées les forces de l'ordre, ont prononcé un non-lieu pour les gendarmes qui l'ont interpellé, a appris l'AFP vendredi auprès des avocats des deux camps. Cette décision met un terme provisoire à une enquête houleuse centrée sur des expertises médicales contradictoires.

"Des graves violation du droit", selon l'avocat de la famille

Me Yassine Bouzrou, qui défend la famille du jeune homme noir mort à 24 ans et qui dénonce de longue date la conduite de l'enquête, a indiqué sur Instagram qu'il faisait appel de cette décision. "Cette ordonnance de non-lieu qui contient des contradictions, des incohérences et de graves violations du droit déshonore l'institution judiciaire", d'après lui. L'objectif en faisant appel de cette ordonnance est, selon l'avocat, que la cour d'appel de Paris "puisse appliquer le droit dans cette affaire en renvoyant les gendarmes devant une juridiction de jugement où un débat contradictoire pourra dire si les violences ayant causé la mort d'Adama Traoré étaient ou non proportionnées et nécessaires".

Dans un communiqué à l'AFP, Mes Rodolphe Bosselut, Sandra Chirac-Kollarik et Pascal Rouiller, qui défendent les trois gendarmes impliqués dans l'arrestation, ont au contraire salué une décision "logique et conforme à la réalité" quant au "caractère légitime et proportionné de l'interpellation d'Adama Traoré". "Empreints de dignité et de décence, nos clients, qui n'ont jamais perdu la foi dans leur engagement, saluent cette réhabilitation tant attendue et méritée", ajoutent-ils.

Un non-lieu attendu

Ce non-lieu était attendu : les trois gendarmes n'ont jamais été mis en examen, mais seulement placés sous le statut de témoin assisté. Adama Traoré est mort le 19 juillet 2016 dans la caserne de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise dans le Val-d'Oise au terme d'une course-poursuite, un jour de canicule où la température avait frôlé les 37 degrés. Il avait été interpellé lors d'une opération qui visait son frère Bagui, suspecté d'extorsion de fonds.

Comme pour Nahel M., tué à Nanterre le 27 juin par un tir policier, l'annonce de sa mort avait suscité plusieurs nuits de violences dans la petite ville de Beaumont-sur-Oise et dans les communes voisines, d'une intensité toutefois nettement moindre. Depuis, emmenés par sa grande sœur Assa Traoré, les proches du jeune homme accusent les militaires d'avoir causé sa mort et ont fait de son décès un symbole des violences policières et du racisme.