Modifier la Constitution pour rendre le Service national universel obligatoire ? "C'est à l'étude actuellement"

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Romain David , modifié à
Le service national universel promis par Emmanuel Macron pendant la campagne devrait s'organiser en deux sessions de 12 jours pour les jeunes de 16 à 18 ans.
INTERVIEW

La proposition avait fait grand bruit. Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait souhaité remettre en place un service militaire. Un an plus tard, l'exécutif planche sur le sujet et entend bien redonner à cette nouvelle forme de conscription son caractère obligatoire. "L'école est obligatoire jusqu'à 16 ans, le Service national universel s'inscrira dans cette logique-là", a expliqué sur Europe 1 le général Daniel Ménaouine, le rapporteur du groupe de travail sur le Service national universel. Une mesure qui obligerait à modifier la Constitution. "C’est quelque chose qui est en cours, et qui est à l’étude actuellement", répond-t-il au micro de Patrick Cohen.

"Une part complète de l'enseignement scolaire". "Il faut que les jeunes veuillent venir au Service national universel", explique le général. Dans tous les cas, il ne semble guère qu'ils auront le choix. "Ce sera sur une base obligatoire dans le sens où le Service national universel, notamment dans sa première phase, s'inscrit dans la continuité de l'enseignement moral et civique qui a été entamé au primaire, puis au secondaire. C'est dans ce sens-là que c'est obligatoire : on l'intègre comme une part complète de l'enseignement scolaire", précise le militaire.

Un promesse un peu trop coûteuse. Malgré tout, la promesse de campagne a pris du plomb dans l'aile. Son coût semblait particulièrement exorbitant. Le projet initial était celui d'un service militaire obligatoire d'un mois, encadré par les armées et la gendarmerie, et évaluée à 30 milliards d'euros sur cinq ans. Mais comme Europe 1 vous l'a révélé, l'exécutif s'oriente désormais vers un service national organisé en deux périodes de 12 jours, pilotées en grande partie par des stagiaires des grandes écoles d'État, pour un coup de fonctionnement annuel de 1,5 milliard d'euros.

"C'est un projet qui impliquera les militaires dans le sens où ils seront en charge de la formation des encadrants", a voulu nuancer Daniel Ménaouine. "La finalité de l'armée, c'est l'engagement opérationnel pour défendre la France au-delà de ses frontières et sur son territoire national si nécessaire. Le Service national universel dont on parle, c'est quelque chose de différent, même si les armées seront présentes".

Un projet de mixité. Par conséquent, la dimension militaire du "SNU" devrait être moindre que ce qu'avait laissé imaginer la proposition du candidat Macron. Les jeunes n'y seront "probablement pas" en uniforme et au garde-à-vous, mais "en tenue d'activité", relève le rapporteur. "C'est un projet de cohésion nationale, de mixité sociale et territoriale", qui concernera des jeunes hommes et des jeunes femmes âgées de 16 à 18 ans. "Les jeunes étrangers qui sont sur les bancs de nos écoles, en troisième ou en seconde, seront conviés à ce Service national universel", précise encore Daniel Ménaouine.

Une consultation à l'automne. Mais le projet pourrait encore évoluer, puisque son rapporteur entend également recueillir l'avis des principaux intéressés. "On a préconisé dans le rapport de pouvoir conduire une consultation, ce que l'on fera à l'automne, et on la conduira avec les jeunes en suivant les recommandations du Conseil national de la vie lycéenne", annonce-t-il.

Pas assez de casernes. Le SNU concernera de "700.000 à 800.000 jeunes" par an, répartis en huit ou neuf sessions. "Instantanément, on aurait de l'ordre de 80.000 personnes mobilisées", explique encore le militaire. Un effectif qui obligera à utiliser d'importantes infrastructures, à l'heure où l'armée s'est dépossédée de nombre de ses casernes. "On va utiliser des sites qui existent déjà", assure Daniel Ménaouine, qui évoque des centres de vacances et des pensionnats. "On a un grand travail devant nous à conduire avec les collectivités locales qui sont parties prenantes de ce projet".