Mixité : un épicier-libraire musulman condamné pour discrimination

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Image d'illustration. © DAMIEN MEYER / AFP
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avec AFP
Jean-Baptiste Michalon, commerçant à Bordeaux, avait en 2015 établi des jours d'ouverture différents pour les hommes et pour les femmes. 

Un épicier-libraire musulman a été condamné lundi par le tribunal correctionnel de Bordeaux à deux mois de prison avec sursis et une amende de 500 euros pour discrimination dans son commerce, a indiqué mardi Me Tristram Héliot, son avocat, confirmant une information du journal Sud Ouest.

Des jours pour les "sœurs". Le propriétaire de cette épicerie-librairie, Jean-Baptiste Michalon, converti à l'islam en 2012, avait provoqué en 2015 une polémique en apposant sur sa vitrine une affichette distinguant des jours d'ouverture selon les sexes. "Les sœurs" y étaient invitées à faire leurs courses uniquement les samedis et dimanches, "les frères" durant les autres jours de la semaine. Cette pratique discriminante avait été rapidement abandonnée devant l'ampleur des réactions.

À la demande de ses clientes. "Nous avions mis cela en place à la demande des 'sœurs', qui préféraient quand ma femme est derrière le comptoir", avait à l'époque expliqué Jean-Baptiste Michalon, dont la boutique, située dans le centre historique de Bordeaux, a depuis fermé ses portes. Le commerçant "a lui-même reconnu que c'était 'une bourde et une maladresse', durant son procès", a expliqué mardi son avocat. Aujourd'hui, le commerçant, quitté par sa femme, est au RSA. "Il a tout perdu et on a un peu le sentiment d'une double peine", estime son conseil.

"Simple démarche commerciale". Selon l'avocat bordelais, "dans cette affaire il n'y a eu ni plainte ni trouble à l'ordre public". "Il s'agissait d'une simple démarche commerciale", estime-t-il. Le préfet de la Gironde, Pierre Dartout, choqué, avait souhaité que "la justice s'en saisisse immédiatement". Le maire de Bordeaux, Alain Juppé avait condamné "fermement un comportement en totale contradiction avec les règles républicaines". "On n'a jamais vu ça à l'époque du Prophète ! Les marchés étaient mixtes. Ça me paraît un peu bizarre dans un monde où la mixité est une culture établie", avait à son tour commenté le grand imam de Bordeaux, Tareq Oubrou.