Milia a été élevée par sa tante maltraitante : "J’étais une enfant martyrisée"

  • Copié
Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Milia a été élevée par sa tante maltraitante qui la battait. Quand elle avait une dizaine d’années, elle est retournée vivre chez ses parents, mais était rejetée par ses frères et sœurs. Au micro d’Olivier Delacroix, dans "La Libre antenne" d’Europe 1, Milia évoque les souvenirs douloureux de son enfance.
TÉMOIGNAGE

Après son accouchement, la mère de Milia est tombée malade. Milia a alors été confiée à sa tante, qui l’a élevée. Jusqu’à l’âge de 10 ans, elle a été battue par cette dernière. Quand elle est retournée vivre chez ses parents, Milia a vécu un autre calvaire. Elle était rejetée par ses frères et sœurs qui la maltraitait et la frappait. Dans "La Libre antenne" d’Europe 1, Milia explique que c’est en aidant les autres qu’elle est parvenue à se reconstruire. 

"Je suis la quatrième d'une famille de huit enfants. À la suite de son accouchement, ma mère est tombée malade. Mes frères et sœurs étant très jeunes, ma mère a dû me confier à sa sœur pour m’élever. Elle ne savait pas de quoi elle était capable. Personne ne le savait. Il y avait aussi ma grand-mère. Ma tante me tapait. J'ai connu les coups jusqu’à l’âge de 10 ou 11 ans. J’étais une enfant martyrisée, soumise à sa tante, et personne ne disait rien. On avait peur d'elle, les voisins notamment. C'était une personne très dure et autoritaire. 

Mes parents n’étaient jamais là, puisqu’ils étaient partis. Ils me croyaient heureuse avec ma tante. Ma mère s’occupait des autres enfants et mon père travaillait. Ma tante me disait qu’elle était ma mère et que ma mère était ma tante. Mais quand je voyais ma mère, je lui courais après et lui tenais la main. Elle m'embrassait et se comportait comme une maman. Je ne comprenais pas et ne posais pas de questions parce que j’étais une petite fille qui ne parlait pas. J'étais très renfermée.  

" Elle m'a attachée au pied d’un lit et m'a frappée avec une ceinture "

Une fois, elle m’a envoyé faire des courses. Je jouais à la marelle et n’ai pas vu le temps passer. Elle m'a attachée au pied d’un lit et m'a frappée avec une ceinture. J'étais couverte de sang. Quand ma grand-mère est rentrée, elle m’a emmenée à l’hôpital. Ma tante lui a dit que je m'étais fait ça toute seule. Un autre jour, elle m’a envoyé faire des courses. J'ai profité de ce moment pour aller à la Poste. J'ai envoyé un télégramme à mes parents leur disant de venir en urgence parce que leur fille était en train de mourir. 

Ma mère a pris l'avion et est tout de suite venue. Quand elle est arrivée, j’ai couru vers elle. Elle ne comprenait pas que je sois en pleine forme, alors que le télégramme disait que j'étais mourante. Les voisins l’ont prise à part et lui ont dit que j’étais battue par sa sœur. Ma tante et elle se sont parlé. Évidemment, ma tante s'est défendue. Ma mère m'a déshabillé pour voir les marques que j'avais sur le corps. Je me souviens qu’elle ne lui a plus rien dit et elle a réuni mes affaires. 

" Mes frères et sœurs disaient que je n'étais pas leur sœur "

Arrivée chez mes parents, je n’étais pas acceptée par mes frères et sœurs. C’était un autre contexte de souffrance. J’avais 11 ans. Ma sœur aînée était jalouse de moi, elle ne voulait pas que je sois mieux habillée qu’elle. Bien que ma tante me martyrisait, elle était couturière et me faisait de jolies choses. Ma maman me défendait. J'ai commencé à connaître ce qu'était l’amour d’une mère à sa fille. C’était le bonheur. Mais j’étais frappée par mon frère, qui m’en a toujours voulu parce que je n’avais pas été élevée avec eux. 

Mes frères et sœurs me rejetaient, ils disaient que je n'étais pas leur sœur. C’était dur. Un jour, je suis partie de la maison. J’avais 17 ou 18 ans. Je suis allée chez une amie de ma mère. J'ai laissé une lettre à ma maman qui m’a rejointe, elle ne comprenait pas pourquoi j’étais partie. Tout ça parce que je n’arrivais pas exprimer les choses. En fait, j’ai vécu avec mes frères et sœurs ce que j'avais vécu avec ma tante. Je n’arrivais pas à me défendre, pourtant j’avais l'amour de ma maman. 

Cette vie que j'ai vécue jusqu'à l'âge de 20 ans, c'était un cauchemar de tous les jours. J’ai consulté un psychiatre pour extérioriser les douleurs et reprendre confiance en moi. Aller vers les autres m’a aidé à m’épanouir. Je ressentais ce besoin d’aider les gens. C'est ce que j'ai toujours fait. J’étais présidente d’une association. Avoir créé une association m'a vraiment sauvé. Je me suis reconstruite et je suis devenue moi-même. 

J'ai quitté toute ma famille. Je voyais seulement ma maman. Ma mère savait que je ne voulais voir personne. Avec ma mère, je faisais beaucoup de choses. On voyageait et on passait des vacances ensemble. Jusqu'à maintenant, j’ai vécu sans famille. Je ne sais pas ce que c’est d'avoir une famille depuis le décès de ma mère. Je n’ai aucune nouvelle de mes frères et sœurs et je ne cherche pas à en avoir. Je me suis fait une nouvelle famille. Mes amis sont devenus ma famille. "