Michèle ne supporte pas le télétravail et sa direction lui reproche vivement

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Léa Beaudufe-Hamelin
Le directeur de Michèle s’est opposé à ce qu’elle vienne travailler sur place pendant le confinement. Michèle avait demandé à ne pas télétravailler, ne supportant pas être seule chez elle depuis que son mari l’a quittée. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Michèle raconte son conflit avec sa direction.
TÉMOIGNAGE

Depuis que son mari l’a quittée il y a trois ans, Michèle ne supporte pas de rester chez elle. Ne voulant pas télétravailler, elle a demandé à sa responsable si elle pouvait venir travailler sur place malgré tout pendant le confinement. Celle-ci a accepté puisqu’ils ne sont plus que cinq salariés dispersés sur 200 m2. En revanche, son directeur s’y est fermement opposé. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Michèle raconte son conflit avec sa direction.

"J’ai 66 ans. Je travaille toujours au conseil départemental. Je suis cheffe de secteur à l’aide sociale à l’enfance. Mon mari m’a quittée il y a trois ans. Quand votre conjoint vous quitte à 63 ans, c’est très compliqué. Il a cinq ans de moins que moi. Il m’a quittée sans me dire pourquoi. Aujourd’hui, nous ne sommes toujours pas divorcés parce que mon conjoint traîne, il n’est pas très administratif. Maintenant, à cause du coronavirus, il ne veut pas venir signer les papiers.

J’ai travaillé pendant quatorze ans au conseil départemental. Je n’ai jamais eu aucun arrêt maladie. À cause du coronavirus, on dit qu’il ne faut pas être trop sur le terrain pour ne pas contaminer nos collègues. J’ai dit à ma responsable que je ne pouvais pas travailler chez moi deux à trois jours par semaine. C’est très difficile pour moi, même après trois ans, d’être seule chez moi. Le weekend aussi, c’est très compliqué au niveau psychologique. Si je reste deux jours chez moi, je vais déprimer.

" J’ai reçu un mail incendiaire de mon directeur "

Nous sommes cinq sur 200 m2. Chacun dans son bureau. On a respecté les gestes barrières et la distance de 1,50 mètre. Tous les travailleurs sociaux sont chez eux en télétravail. Je les appelais quand il y avait un placement à faire. Il n’y avait aucun problème, donc ma responsable avait accepté. Mais vendredi dernier, elle a eu une réunion avec notre directeur. Je pense qu’elle a dit que je ne voulais pas faire de télétravail et que je m’opposais à elle.

À 18 heures, j’ai reçu un mail incendiaire de mon directeur : 'Vous mettez en péril le reste de l’équipe. Vous n’obéissez pas aux ordres'. J’étais complètement désespérée. J’ai pleuré pendant deux heures chez moi. Au bout de deux heures, j’ai envoyé un mail à mon directeur en lui expliquant pourquoi je ne veux pas télétravailler. Mais je ne veux pas étaler ma vie privée. Je lui ai dit que j’ai toujours été quelqu’un qui faisait son boulot. Je travaille dix à douze heures par jour. Je ne démérite pas.

Lundi matin, j’ai reçu un mail de mon directeur me disant : 'Vous serez en congé pendant deux jours et vous viendrez au travail les trois autres jours.' Moi, je voulais aller au travail tous les jours. Il me demandait de moins travailler, parce que selon lui, je mettais les autres en péril. Tous les travailleurs sociaux sont en télétravail. Comment à cinq sur 200 m2, je peux mettre les autres en péril ? J’ai demandé un arrêt de travail pendant quinze jours. Comme ça, ils arrêtent de me faire suer."