Meurtre de Sarah Halimi : les juges d'instruction estiment "plausible" l'irresponsabilité pénale du suspect

Sarah Halimi a été tuée en avril 2017.
Sarah Halimi a été tuée en avril 2017. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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avec AFP , modifié à
Les juges ont écarté "la circonstance aggravante du caractère antisémite" du meurtre de cette femme juive de 65, tuée en avril 2017.

Les juges d'instruction en charge de l'enquête sur le meurtre de la sexagénaire juive Sarah Halimi estiment qu'il y a des "raisons plausibles" de conclure à l'irresponsabilité pénale du suspect, a-t-on appris vendredi de source judiciaire, confirmant une information du Parisien. Au terme de leur instruction, les juges ont également écarté "la circonstance aggravante du caractère antisémite" du meurtre dans leur ordonnance rendue vendredi, selon une source proche du dossier.

La décision des juges est à rebours des réquisitions du parquet de Paris qui réclamait le renvoi devant une cour d'assises de Kobili Traoré, unique suspect du meurtre de cette femme juive de 65 ans en avril 2017.

"Une bouffée délirante" 

Dans la nuit du 3 au 4 avril 2017 à Paris, Kobili Traoré, pris d'une "bouffée délirante", selon les experts, s'était introduit chez sa voisine Lucie Attal - aussi appelée Sarah Halimi - au troisième étage d'un immeuble HLM du quartier populaire de Belleville, après avoir traversé l'appartement d'autres voisins. Aux cris d'"Allah Akbar", entrecoupés d'insultes et de versets du coran, ce jeune musulman l'avait rouée de coups sur son balcon avant de la précipiter dans la cour. 

Trois expertises psychiatriques réalisées au cours de l'enquête concordent pour dire que le jeune homme, sans antécédent psychiatrique, ne souffre pas de maladie mentale mais qu'il a agi lors d'une "bouffée délirante" provoquée par une forte consommation de cannabis. Elles divergent cependant sur la question de l'abolition ou de l'altération de son discernement. Dans leur ordonnance, révélée par le Parisien, les juges estiment finalement qu'il y a des "raisons plausibles" de conclure à l'abolition du discernement de Kobili Traoré au moment des faits, autrement dit à son irresponsabilité pénale. Ils écartent également "la circonstance aggravante du caractère antisémite" du meurtre, selon une source proche du dossier.