Mélanie est sortie de l’enfer de la rue et a fondé une famille : "Rien n’est figé"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Après avoir vécu dans un camion et fait la manche, Mélanie et son compagnon s’en sont sortis. Aujourd’hui, ils sont toujours ensemble et ont fondé une famille. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Mélanie raconte à Olivier Delacroix leur parcours de vie compliqué.
TÉMOIGNAGE

Mélanie et son compagnon ont eu un parcours de vie compliqué. Ils ont vécu dans un camion et faisaient la manche. Aujourd’hui, ils s’en sont sortis grâce à certaines personnes qui leur sont venues en aide. Ils sont toujours ensemble et ont trois enfants. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Mélanie raconte à Olivier Delacroix sa vie d’avant et comment elle et son compagnon s’en sont sortis.

"J’ai eu une mère maltraitante. J’ai été mise en famille d’accueil. J’ai même été internée pendant un certain temps. Ensuite, j’ai vagabondé. J’ai rencontré mon compagnon avec qui je suis depuis seize ans. On a eu un parcours de vie compliqué. On a vécu dans un camion. On a fait la manche. On s’est retrouvés en galère. Tout ce qu’il y a de plus dégradant, s’asseoir sur un carton pour tendre la main parce que vous n’avez pas d’autre choix. Mais rien n’est figé. Maintenant, j’ai trois enfants et je suis toujours avec le même compagnon. 

" C’est dommage de buter sur une apparence "

On a nos galères à cause de notre look, dreadlocks, piercings, écarteurs dans les oreilles. Mais moi, je me sens au naturel comme ça. Je ne vais pas changer pour faire plaisir aux autres, puisque je me sens bien comme ça. On a l’impression que l’on aura toujours plus à prouver que les autres, puisque l’on n’est pas dans la norme.

Les gens avec qui j’ai eu un minimum d’échange, ça se passe très bien. C’est dommage de buter sur une apparence. L’important c’est le cœur, ce qu’il y a l’intérieur. L’extérieur, on s’en fiche. Mes enfants ont quinze ans, onze ans et cinq ans et demi. Pour eux, je suis normale. Ils font ce qu’ils veulent avec leur look. En tant que parent, on a envie que nos enfants nous ressemblent. C’est une énorme erreur. Plus on va vouloir qu’ils nous ressemblent, plus ils vont partir à l’opposé.

Quand on fait la manche, on voit le bien comme le plus vicieux. Un monsieur très BCBG peut vous dire des choses obscènes. Une personne d’apparence plus classique va vouloir vous aider sincèrement. Là encore, l’apparence ne veut rien dire. On voit toute la bienveillance de certaines personnes. Une dame nous avait demandé : 'Pour vous sortir de là, combien je dois vous donner ?'. On avait refusé. On n’est pas du genre à abuser, même si elle le proposait.

Mon ami a travaillé dans le bâtiment pendant longtemps. C’est lui qui nous a sortis de tout ça. Il y a des gens qui nous ont aidés. Un homme est venu lui faire passer un entretien d’embauche dans notre camion. Il y a des gens qui ne s’arrêtent pas qu’à l’apparence. Il faut s’entraider. La solidarité, c’est la clé. Tous les gens qui nous ont aidés à l’époque ont changé notre vie. Si aujourd’hui j’ai trois enfants et que ma vie est comme ça, c’est grâce à eux."