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Mathieu Bock, édité par A.D
Alors que se déroule la 26e édition des épreuves des MOF, les artisans dénoncent une dévalorisation du concours par une trop grande ingérence de l'Education nationale.

Les cols bleu blanc rouge sont en train de bouillir. Alors que se déroule en ce moment la 26e édition des épreuves des Meilleurs ouvriers de France, qui ont lieu tous les trois ou quatre ans pour consacrer l'élite des artisans de différents corps de métier (cuisine, textile, bâtiment, musique, etc.), une centaine d'entre eux se sont réunis mardi devant l'Assemblée nationale pour faire entendre leur colère. Ils protestent contre la place trop importante que prend l'administration dans l'organisation de leur concours et craignent une dévalorisation de leur diplôme.

"Il n'y a que les professionnels qui peuvent faire le sujet". Après avoir crée un groupe Facebook pour exprimer leur mécontentement, c'est la première fois qu'ils descendent dans la rue, pour dénoncer un passage en force et une ingérence de l'Éducation nationale dans les concours de sélection. Christian Janier, maître affineur fromager à Lyon est le meneur de cette fronde. Il dénonce des problèmes dans l'organisation des épreuves cette année et montre son inquiétude face à une certaine banalisation du concours qui lui ferait perdre son exigence d'excellence : "Quand un inspecteur général de l'Éducation nationale qui est en charge de valider les sujets vous dit que vos épreuves ne sont pas pertinentes, ça me met en colère parce qu'il n'a aucune pertinence pour le faire. Il n'y a que les professionnels qui peuvent faire le sujet. On ne peut pas supprimer les épreuves importantes, c'est juste pas possible", clame-t-il. 

Entendu sur europe1 :
Aujourd'hui, ces inspecteurs viennent simplement contrôler si dans le déroulement des épreuves, l'égalité des chances et l'équité est respectée

Il soutient par ailleurs que l'organisation souhaite au moins faire émerger 3.000 MOF par promotion alors que seuls 250 à 350 artisans, sans limite établie, étaient jusqu'alors récompensés par l'obtention du célèbre col tricolore. Ce qui de facto entraînerait une dévalorisation de la récompense.

Eviter corporatisme et cooptation. Pour Jean-Luc Chabanne, secrétaire général du comité des meilleurs ouvriers de France, la présence d'inspecteurs est néanmoins indispensable pour éviter le corporatisme et la cooptation. "Quand vous avez des membres du jury qui passent à la télé et qui s'annoncent comme coach et membre du jury, oui, là, il a fallu annuler des épreuves. Quand vous avez des risques de conflit d'intérêt, oui il faut forcément abroger un certain nombre de choses. Aujourd'hui, ces inspecteurs viennent simplement contrôler si, dans le déroulement des épreuves, l'égalité des chances et l'équité est respectée".

Ces artisans ne comptent pas en rester là. Ils ont convaincu un député MoDem d'interpeller Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation nationale, mercredi après-midi lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.