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Wilfried Devillers, édité par Loane Nader // crédit photo : Patrick Meinhardt / AFPc
À Mayotte, face à l'insécurité toujours croissante, les Mahorais se protègent par leurs propres moyens en construisant des barricades chez eux, par exemple. Les habitations du département sont alors transformées en véritables forteresses, alors que près de 5.000 faits de vols, souvent armés, ont été recensés l'année dernière.

Il y a une semaine, les Mahorais accueillaient avec soulagement les forces de l'ordre venues de l'Hexagone dans le cadre de l'opération Wuambushu, tant les problèmes d'insécurité leur sont devenus ingérables. Des centaines de migrants clandestins doivent donc être expulsés de l'île française alors que l'année dernière, pas moins de 5.237 faits de vols ont été enregistrés. Pour faire face à la violence quotidienne à Mayotte, les habitants prennent les choses en main en construisant de véritables forteresses autour de chez eux. 

C'est le cas de la maison de Loutfi, un habitant du village de Tsimkoura qui explique les petits changements qu'il lui a apporté. "La portière, nous le soir, on la ferme. Je l'ai bien faite de façon à ce qu'elle nous alerte." Son habitation prend alors des airs de base fortifiée avec des grilles partout, allant des fenêtres jusqu'à la terrasse qui donne sur la rue. "J'ai installé des barreaux de sécurité chez moi. La maison, elle est en cage. Pourquoi ? Parce que c'est pour sécuriser, sinon, on est visité tous les soirs."

"On vit comme si on était en prison avec des sirènes"

Comme il l'explique, le père de famille a renforcé la sécurité après plusieurs tentatives de cambriolage, parfois violentes. "Des tentatives d'intrusion dans la maison alors que nous, on était dedans", raconte-t-il. "Plusieurs fois, j'ai dû repousser les gens qui ont essayé de rentrer à coup de machette. La petite, elle était traumatisée."

Face au chaos, Loutfi est loin d'être le seul à prendre de telles mesures. "Il faut se protéger", lance une voisine en refermant une grille hérissée de barbelés. Pour elle, ce mode de vie devient insupportable. "On a mis des caméras et des alarmes. On vit comme si on était en prison avec des sirènes. C'est infernal !"

Des patrouilles citoyennes étaient encore organisées quelques semaines avant le lancement de l'opération. Mais à Tsimkoura, les habitants trouvent que la gendarmerie met encore trop de temps à intervenir, et garde en tête une éventuelle reprise des rondes.