Mathieu Kassovitz 3:51
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Laetitia Drevet
25 ans après la sortie de "La Haine", Mathieu Kassovitz revient sur son long métrage, à l'occasion du déplacement d'Europe 1 à Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, la ville où il a été tourné. Le réalisateur évoque aussi le film de Ladj Ly, sorti récemment, qui aborde lui aussi le sujet des violences policières dans les banlieues. 
INTERVIEW

"Une ville oubliée." En 1995, Mathieu Kassovitz réalise La Haine, dans lequel il raconte l'opposition farouche entre la police et les jeunes de Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines. 25 ans plus tard, Ladj Ly a mis a nouveau en lumière cette problématique avec son dernier film, Les Misérables, qui se déroule, lui, à Montfermeil, en Seine-saint-Denis. "[Le film de Ladj Ly] est plus pointu, plus précis que le mien", estime Mathieu Kassovitz, invité d’Europe 1, délocalisée à Chanteloup-les-Vignes pour une édition spéciale en vue des municipales. 

"On ne connaissait pas les banlieues" 

En 1995, "on ne connaissait pas les banlieues", rappelle le réalisateur. "La Haine a été une ouverture pour plein de gens. Avant que la banlieue ne fasse partie du sport, du spectacle, de la politique, des entreprises...", affirme-t-il. Le réalisateur salue le travail de Ladj Ly, trouvant par ailleurs "étonnant" qu'il ait fallu "une génération" pour le flambeau de La Haine soit repris de "l'intérieur", alors que lui était "extérieur" à ce milieu, puisqu'il n'a pas grandi en banlieue parisienne. 

 

"Chanteloup-les-Vignes n'est pas une ville violente du tout, c'est une ville oubliée. C'est son problème depuis le début", souligne Mathieu Kassovitz. Son film, dit-il, n'avait d'ailleurs pas pour sujet la violences "des quartiers", mais celle exercée par la police "envers les quartiers". "Je voulais mettre à plat la relation entre les autorités et les banlieues. Aborder ce qui fait que des gens puissent se haïr à ce point sans se connaitre", conclut le metteur en scène.