Marika Bret, responsable des ressources humaines de "Charlie Hebdo" 2:13
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Laetitia Drevet , modifié à
Cinq ans après les attentats du 7 janvier 2015, qui ont fait 11 morts à la rédaction de Charlie Hebdo, Marika Bret, responsable des ressources humaines, reçoit encore de régulières menaces de mort. Pas de quoi toutefois décourager le travail du journal satirique, qui entend plus que jamais "défendre la liberté d'expression". 
INTERVIEW

"Je m'en souviens comme si c'était hier." Cinq ans après les attentats de Charlie Hebdo, qui avaient fait 11 morts parmi les membres de la rédaction, Marika Bret, responsable des ressources humaines du journal satirique, était l'invitée samedi de Patrick Cohen sur Europe 1. Avec Claude Ardid, journaliste de Charlie, elle publie Qui veut tuer la laïcité ? Quelle société voulons-nous pour demain ? aux éditions Eyrolles. 

A la rédaction, portes et fenêtres blindées 

Marika Bret se souvient aussi des images montrant 4 millions de personnes dans les rues, le 11 janvier, pour saluer Charlie Hebdo. "Voir tant de gens dans la rue, je ne m'y attendais pas. Charlie s'était tellement de fois retrouvé seul", se rappelle-t-elle. "Depuis toujours" et malgré les attentats, "Charlie Hebdo a refusé de céder à la terreur", souligne Marika Bret. Une détermination qui n'est pas sans conséquence sur les conditions de travail de la rédaction.

"Aujourd'hui, nous travaillons dans des conditions assez dingues", explique la responsable RH. Depuis le 7 janvier 2015, Charlie Hebdo a changé d'adresse, et les employés ne sont pas censés communiquer la nouvelle. "Le bâtiment est équipé de portes et de fenêtres blindées", affirme Marika Bret. 

"Je ne me suis jamais sentie aussi libre dans ma tête"

Elle dit recevoir des menaces de mort très régulièrement. "Je vais au commissariat tous les mois pour déposer des plaintes pour menaces de mort." Plusieurs employés, dont elle, sont suivis "du soir au matin" par des agents chargés d'assurer leur sécurité. Pas de quoi toutefois la décourager. "Je ne me suis jamais sentie aussi libre dans ma tête", assure Marika Bret. 

Dans la marche du 11 janvier, elle n'avait pas décelé de "validation de la ligne éditoriale" du journal satirique, mais l'attachement profond des citoyens à la liberté d'expression. Une liberté que les journalistes de Charlie entendent plus que jamais défendre. "On a voulu attaquer des talents qui utilisaient complètement leur liberté d’expression, qui ne s'était jamais masqués de rien. Il faut leur rendre hommage et tacher d'expliquer pourquoi ça c’est passé."