Il faut que l'agriculture se diversifie selon Marc Dufumier. 3:04
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Guilhem Dedoyard
Invité d'Europe 1, dimanche, Marc Dufumier, agronome et professeur honoraire à AgroParisTech a expliqué ce à quoi devait, selon, lui ressembler l'agriculture de demain. Cela passe par une profonde diversification des exploitations.

Il faut en finir avec l’hyper-spécialisation dans l'agriculture. C'est ce qu'a expliqué Marc Dufumier, agronome et professeur honoraire à AgroParisTech sur Europe 1, dimanche. Il considère que ce choix a mené à une crise écologique et économique pour les agriculteurs et que c'est en ce sens que le secteur doit se renouveler et se moderniser.

Une crise économique...

"Le grand tort de cette agriculture industrielle qui s'avère peu compétitives sur les marchés mondiaux, c'est d'avoir beaucoup trop spécialisé, d'avoir dissocié agriculture et élevage et minoré la durée des rotations, la diversité des assolements", juge Marc Dufumier. Ainsi, selon lui, "l’agriculture moderne de demain va devoir considérablement innover et se diversifier". 

Pour l'agronome, le problème est "cette agriculture industrielle exagérément spécialisée où on a joué la compétition par les prix, au moindre coût monétaire, mais en oubliant les coûts sanitaires dans l'alimentation et les coûts environnementaux". Alors que le système actuel est en "crise financière, avec des revenus des agriculteurs dérisoires" Il prône une agriculture "plus soignée et plus exigeante en travail" qui "doit donc être correctement rémunérée" analyse Marc Dufumier. "Les agriculteurs mériteraient d'être rémunérés pour les services environnementaux", propose-t-il.

...et une crise écologique

L'autre défi est écologique selon Marc Dufumier. Prenant l'exemple de la betterave, il explique qu'en interdisant, "à juste titre, les néonicotinoïdes, car ils font le plus grand tort aux abeilles et aux insectes pollinisateurs" on expose les cultures à d'autres problèmes. "Quand un puceron arrive sur une betterave, c'est la jaunisse et c'est brutalement les rendements et les revenus qui s'effondrent." 

Toutefois, la crise du sucre est plus ancienne selon lui. "Il y a déjà des usines de sucre qui ferment dans la France métropolitaine et c'est vain de penser que de produire du sucre en excédent pour ensuite le transformer en éthanol ça puisse être un jour compétitif avec la canne à sucre du Brésil, sur des fermes de 40.000 hectares". Ainsi résume-t-il, "ne pas mettre ses œufs dans le même panier est vraiment une solution d'avenir".