Manifestation en France pour la libération du "plus ancien prisonnier politique d’Europe"

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Alain Acco, édité par Romain David
Les demandes de libération de Georges Ibrahim Abdallah, incarcéré depuis 35 ans pour l’assassinat de deux agents de la CIA et du Mossad, mais sans peine de sûreté, ont été systématiquement refusées depuis 1999.

Certains le présentent comme "le plus ancien prisonnier politique d’Europe", et nombreuses sont les voix qui réclament désormais sa libération. Georges Ibrahim Abdallah va entamer cette semaine sa 35ème année de détention dans les prisons françaises.

Chef de la Fraction Armée Révolutionnaire Libanaise (FARL), marxiste et pro-palestinien, né au Liban-Nord dans une famille de chrétiens maronites, il n'a rien à voir les terroristes islamistes d'aujourd'hui. La justice française l'a condamné à perpétuité, sans peine de sûreté, pour l'assassinat en 1982 à Paris de deux diplomates américain et israélien, en réalité des agents de la CIA et du Mossad.

"35 ans pour rien, c’est quand même un peu longuet". Aujourd'hui âgé de 67 ans, Georges Ibrahim Abdallah est théoriquement libérable depuis 1999 mais toutes ses demandes de remise en liberté, y compris celles accordées par la justice, ont été bloquées par les gouvernements successifs. En réaction, une manifestation de soutien est organisée ce samedi devant la prison de Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées, où il est détenu, à l'appel d'organisations de gauche et d'extrême gauche, et de la Ligue des Droits de l'Homme.

De nombreuses personnalités soutiennent cette démarche, comme Monseigneur Gaillot ou le dessinateur Jacques Tardi. "Ça fait 35 ans qu’il est en prison, condamné pour complicité d’assassinat alors que rien n’a été prouvé. Encore une fois, c’est la politique de la France qui se couche devant la politique des Etats-Unis et d’Israël", veut dénoncer ce dernier auprès d’Europe 1. "Le Liban est prêt à l’accueillir. 35 ans pour rien, c’est quand même un peu longuet. Il est libérable, le scandale est là !", pointe-t-il encore.

La pression du pouvoir politique. Aussi surprenant que cela puisse paraître, celui qui l'a arrêté et fait condamner, l'ancien patron de la DST, le préfet Yves Bonnet, fait également partie de ceux qui réclament aujourd'hui sa libération. "S’il a été arrêté, c’est en grande partie parce que je m'en suis occupé. Aujourd’hui, je serai presque tenté de dire que je le regrette, pas dans la mesure où j’ai fait mon métier, mais la longueur de cette procédure est scandaleuse", explique-t-il. "Ça fait 20 ans que je considère qu’il doit être libéré", martèle cet ancien responsable.

"Le dernier ministre qui s’est opposé à la libération de Georges Ibrahim Abdallah, c’est Manuel Valls, alors que l’instance judiciaire compétente avait conclu à sa libération et à son expulsion vers le Liban", relève-il. "Ce ne sont pas les juges qu’il faut incriminer, c’est le pouvoir politique", conclut Yves Bonnet.