Manifestation de soutien à la femme voilée prise à partie par un élu RN : "Pourquoi me juge-t-on d’après ce petit foulard ?"

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Arthur Helmbacher, édité par Romain David
Une manifestation de soutien à l'accompagnatrice scolaire vivement interpellée par un élu RN sur son voile a rassemblé mardi quelque 200 personnes à Besançon.

La femme voilée prise à partie par l’élu RN Julien Odoul lors du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, alors qu’elle accompagnait une sortie scolaire, a décidé de porter plainte, annonce le Collectif contre l’islamophobie en France. Mercredi, une manifestation de soutien à cette mère de famille a réuni environ 200 personnes à Besançon.

Et parmi les manifestants qu’a pu rencontrer Europe 1 : Samira et Lamira, mère et fille. La mère a 52 ans, est née en Algérie et porte le voile, sa fille de 21 ans, née à Besançon, non. "Je suis une mère de quatre enfants, et j’ai toujours participé aux sorties, que ce soit pour le sport, pour la piscine ou les sorties au théâtre", explique Samira au micro d’Europe 1. Elle avoue ressentir "haine et tristesse" devant les images de cette accompagnatrice vivement exhortée à retirer son voile. "On arrive à en agresser une maman. Et des gens ont le culot de défendre l’agresseur", pointe-t-elle. "Pourquoi me juge-t-on d’après ce petit foulard ?"

"C’est ma religion, c’est marqué dans mon Coran"

La vidéo de la mère prise à parti par Julien Odoul, sous les yeux de son fils, est devenue virale sur les réseaux sociaux quelques heures seulement après sa publication vendredi par l’élu lui-même. Elle a été commentée de toute part jusqu’à provoquer de profondes divisions dans le monde politique, et au sein même de la majorité présidentielle, sur la question du port du voile islamique dans l'espace public, et notamment chez les accompagnateurs scolaires. Mardi, le Premier ministre Edouard Philippe a déclaré devant les députés qu’il n’était pas question de légiférer en la matière. "L'enjeu, c'est d'éviter que les enfants, en raison des convictions religieuses de leurs parents pouvant relever du communautarisme ou de l'islam politique, échappent à l'école", a-t-il plaidé.

De son côté, Samira assure avoir pleinement choisi de se voiler, sans aucune contrainte communautaire ou familiale. "C’est ma religion, c’est marqué dans mon Coran. Ma fille a 21 ans, elle ne le porte pas. C’est un choix", argumente-t-elle. "Je suis étudiante, je rentre dans le monde du travail. Si je suis déjà pointée du doigt par des gens qui ne m’acceptent pas pour un foulard…", relève la jeune fille. Et sa mère de conclure : "Moi-même je suis passée par là. Depuis que je porte le voile, je suis au chômage."