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Thibaud Hue, édité par Maxime Asseo , modifié à
La défenseure des droits annonce une hausse des signalements de maltraitance dans les Ehpad, malgré les polémiques suscitées par le livre de Victor Castanet "Les fossoyeurs". Le suivi d'un premier rapport révélé pendant la crise du Covid, qui pointait du doigt ces maltraitances, doit être publié demain.

La France a toujours autant de mal à s'occuper de ses aînés. C'est le constat fait par la défenseure des droits, qui annonce une hausse des signalements pour maltraitance dans les Ehpad, malgré la polémique autour des conditions de vie dans les établissements des groupes Orpéa et Korian qui avait révolté la France entière à la suite de la publication du livre de Victor Castanet, Les fossoyeurs. Le suivi d'un premier rapport révélé pendant la crise du Covid, qui pointait déjà du doigt ces maltraitances, doit être publié demain. 

"La peur a changé de camp" 

Entre 2015 et 2021, 900 signalements avaient été faits. Depuis, en seulement 18 mois, on en compte déjà 280. Dans le détail, presque la moitié de ces nouvelles réclamations concernent de la maltraitance et un tiers concernent des limitations de visites. Ces chiffres grimpent en flèche, surtout depuis la crise sanitaire et la sortie des fossoyeurs qui, selon Sabrina Deliry, cofondatrice de l'Observatoire du Grand Âge (Ogra) et du Cercle des Proches Aidants en Ehpad (CPAE), a eu un effet libérateur sur la parole des victimes. 

Au départ, "les familles se sentaient isolées", raconte-t-elle, "puis il y a eu un engouement, on se sentait enfin soutenu". Les familles des victimes se sont toutes contactées pour agir et dénoncer ces maltraitances. "Pour la première fois, la peur a changé de camp", poursuit Sabrina Deliry. 

Davantage de personnel 

Pourtant, la réaction des Ehpad et des pouvoirs publics ne lui semble toujours pas à la hauteur : "Il y a beaucoup de choses que l'on peut traiter en urgence comme les isolements ou les confinements", assure-t-elle. "Beaucoup d'Ehpad gardent encore des restrictions d'horaires avec la possibilité de venir seulement entre 14 h à 18 h. C'est inacceptable". Pour la cofondatrice, "on ne pourra pas traiter le sujet de la maltraitance si on ne met pas plus de personnel auprès des personnes âgées". 

Pour cela, elle réclame une augmentation du ratio minimal d'encadrement, autrement dit, avoir au moins huit soignants pour dix résidents en Ehpad, soit deux de plus en moyenne qu'en 2019.