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Jean-Luc Boujon // Crédit photo : LOIC VENANCE / AFP
Une centaine de buralistes ont manifesté dans le quartier de la Guillotière pour dénoncer l'explosion de la vente de cigarettes de contrebande, mises sur le marché par des vendeurs à la sauvette. Un tiers des cigarettes fumées dans la région viennent du marché parallèle. Parfois les vendeurs à la sauvette le font à quelques mètres des buralistes. 

Les buralistes sont en colère face à l'explosion de la vente de cigarettes en contrebande au marché noir. Un phénomène qui est en train de couler les tabacs traditionnels, expliquent les buralistes qui demandent au gouvernement de ne plus rester les bras croisés. Beaucoup ont vu leur chiffre d'affaires chuter de 15 à 20% l'an dernier.  Dans le quartier de Guillotière, à Lyon, Ferras tient un tabac-presse. Et lundi dernier, et face à ces vendeurs à la sauvette, il a perdu son calme.

"Des gars comme lui, il n'y a que ça dans le quartier"

"Il y a deux jours, j'ai failli tuer quelqu'un sur le trottoir ici. Parce qu'il vendait des cigarettes à mes clients qui rentraient dans le bureau de tabac : des Marlboro pour 6 euros. Alors que les vraies Marlboro, prix public en France, c'est 12,50 euros. Il était là, sur le trottoir, il criait 'Marlboro, Marlboro !' aux clients qui entraient dans le tabac. Des gars comme lui, il n'y a que ça dans le quartier. Ce n'est pas normal."

En un an, Ferras a perdu 15% de son chiffre d'affaires. La faute aux vendeurs à la sauvette, qui, comme Wahil, écoulent leurs paquets de cigarettes de contrebande en cassant les prix : " Un paquet comme ça, je le vends à 5 euros. Je l'ai acheté à 3,50. Donc, je gagne 1,50 euro par paquet. Sur une journée, si j'écoule 3 ou 4 cartouches, je gagne 60 euros."

Mais Wahil ne serait pas là s'il n'y avait pas de client. Dounia, 20 ans, admet venir à la Guillotière régulièrement pour acheter ses "clopes" : "C'est la fin du mois, c'est compliqué et je sais qu'ici, on en vend... c'est rare, car je sais que ce sont des cigarettes de mauvaise qualité. Mais bon ça dépanne comme on peut parce que 12 euros un paquet, ça commence à faire très cher. Ici, je l'ai payé 8 euros."

Une étude récente a montré qu'en 2023, près de 40% des cigarettes fumées en région Auvergne-Rhône-Alpes n'avaient pas été achetées chez un buraliste. Une fraude qui, au niveau national, coute chaque année 5 milliards d'euros à l'État. Les buralistes demandent au gouvernement de renforcer les contrôles aux frontières, mais aussi une harmonisation des prix à l'échelle européenne pour éviter que les vendeurs sauvages ne puissent désormais s'approvisionner à l'étranger.