L'usage du LDB maintenu : une décision "incompréhensible" et "irresponsable" pour Jérôme Rodrigues

Touché à l'oeil droit lors de l'acte 11 des "gilets jaunes", Jérôme Rodrigues affirme avoir été atteint par un tir de LBD.
Touché à l'oeil droit lors de l'acte 11 des "gilets jaunes", Jérôme Rodrigues affirme avoir été atteint par un tir de LBD. © Zakaria ABDELKAFI / AFP
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Europe1.fr avec AFP , modifié à
Touché à l'œil lors de l'"acte 11" des "gilets jaunes", Jérôme Rodrigues a vivement réagi à la décision du Conseil d'État de ne pas suspendre l'usage du lanceur de balle de défense.

La décision du Conseil d'État de maintenir l'usage du lanceur de balle de défense (LBD) dans les manifestations est "incompréhensible" et "irresponsable", a réagi Jérôme Rodrigues, figure des "gilets jaunes", et blessé à un œil samedi dernier.

Jérôme Rodrigues "triste et en colère". "Cette décision me surprend. Je suis quand même le vingtième œil qui tombe dans ce mouvement. C'est aberrant, incompréhensible", a-t-il commenté. "Je suis triste, en colère et dans l'incompréhension. Des gens sont mutilés, on devient des gueules cassées alors qu'on demande un bout de pain. On vient juste revendiquer, dans la patrie des droits de l'Homme, et on reçoit des 'bastos' ? Il y aura d'autres blessés, d'autres vies brisées, c'est irresponsable", a-t-il estimé.

"Je ne reconnais pas ma France". En pleine polémique sur les "violences policières", la CGT et la Ligue des droits de l'homme (LDH) avaient déposé un recours pour suspendre l'utilisation de cette arme accusée d'avoir gravement blessé des manifestants, mais le Conseil d'État leur a opposé vendredi une fin de non-recevoir. 

"Ça m'inquiète que les êtres humains qui prennent cette décision ne comprennent pas le danger de ces armes et la détresse des blessés. Moi j'ai 40 ans, je m'en remettrai, mais quand on a 20 ans et qu'on perd un œil, la vie est foutue. Je ne reconnais pas ma France, la France de mes cours d'histoire et d'instruction civique", a-t-il poursuivi. Il a également déploré le fait que la France soit un des rares pays européens à utiliser ces armes. "Dans les autres pays, ils maintiennent l'ordre avec des canons à eau, des bâtons et des boucliers", a-t-il rappelé.

"J'ai perdu l'iris". Touché à l'œil droit lors de l'acte 11 des "gilets jaunes", Jérôme Rodrigues affirme avoir été notamment atteint par un tir de LBD. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", a été saisie et les autorités ont jusqu'à présent émis des réserves sur le scénario qu'il avance. Revenant sur l'état de sa blessure, il s'est dit "dans l'attente pour savoir si (il) perdr(a) la vue ou pas". "L'œdème continue de se résorber. On m'a confirmé que j'ai perdu l'iris, donc c'est sûr que je ne retrouverai jamais une vue optimale, dans le meilleur des cas", a-t-il indiqué.

Alliance salue une décision "sage" du Conseil d'État

De son côté, le premier syndicat chez les policiers, Alliance, a salué une "sage décision". Sans cette arme non-létale, "compte tenu de la violence de certains casseurs, on court le risque de voir des fonctionnaires de police contraints d'utiliser leur arme de service en légitime défense", a déclaré Frédéric Lagache, le secrétaire général adjoint.