Lucie est victime de dépression et de phobie sociale : "Mon médicament, c’est mon chien"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
C’est grâce à son chien Oreo que Lucie est parvenue à sortir de sa dépression et à surmonter sa phobie sociale. Il calme ses crises d’angoisse et ses envies de se mutiler. C’est pourquoi Lucie aimerait faire reconnaître Oreo comme chien d’assistance psychologique. Une idée qu’elle explique à Olivier Delacroix sur "La Libre antenne".
TÉMOIGNAGE

Le chien de Lucie, Oreo, l’a aidée à sortir de la dépression après plusieurs tentatives de suicide. Sa présence l’empêche de se mutiler et de faire des crises d’angoisse. Grâce à son chien, elle parvient également à surmonter sa phobie sociale en sortant de chez elle pour le promener. À cet égard, Lucie aimerait faire reconnaître son chien Oreo comme chien d’assistance psychologique. Lucie confie son idée à Olivier Delacroix et raconte au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, comment son chien l’aide au quotidien.

"J’aimerais parler des chiens d’assistance psychologique, parce que ce n’est pas beaucoup reconnu en France malheureusement. Mon chien s’appelle Oreo, c’est un Border Collie, je l’ai depuis un an et demi. Il m’a sauvée et m’a apporté beaucoup dans la vie. Je n’ai pas eu une adolescence facile et mon chien est là pour moi. On m’a diagnostiqué une phobie sociale et une dépression. Mon médicament c’est mon chien.

" Ce n’est pas la psychologue qui m’aide, c’est le chien "

J’ai été harcelée à l’école primaire et au collège. J’ai aussi été agressée. Maintenant je suis au lycée dans une classe spéciale. Je n’ai plus de phobie scolaire. Je ne vais en cours que quatre heures par semaine. Comme j’ai fait plusieurs tentatives de suicide, on m’a dit que j’étais en dépression et avais une phobie sociale. Je n’arrivais plus à sortir de chez moi, pourtant j’habite à la campagne. Heureusement que j’ai eu ce chien pour sortir de chez moi. Devoir promener le chien m’aidait à sortir.

J’ai eu un chat qui s’est fait écraser. J’étais encore plus en dépression. Après j’ai eu un petit chien croisé caniche pour mes 14 ans, lui aussi a eu un accident. J’ai aussi une autre chienne croisée labrador qui s’appelle Belle, elle est à toute la famille. Comme elle n’avait plus de copain, mes parents ont fini par craquer et ont pris Oreo. A l’époque j’étais en dépression et Oreo m’a aidée à me sortir de là. Je me suis mutilée pendant quatre ans. J’ai vu beaucoup de psychologues. Ce ne sont pas les psychologues qui m’aident, c’est le chien.

" Si je suis encore là, c’est grâce à lui "

Je fais des crises d’angoisse. Quand ça arrive la nuit, mon chien me réveille avant que les crises d’angoisse n’arrivent. Le chien dort dans mon lit. Si je suis encore là, c’est grâce à lui. Après ma dernière tentative de suicide je suis allée à l’hôpital, j’étais très mal sans lui et lui était très mal sans moi. Il aboie toute la journée quand je ne suis pas là. C’était au mois de juin et j’ai passé tout le mois à l’hôpital. C’était plutôt un appel à l’aide, je ne voulais pas mourir.

Le chien m’aide vraiment, il me coupe du monde. Il m’aide à faire ma bulle. J’aimerais que mon chien soit chien d’assistance psychologique. Cela fait un an que j’ai cette idée en tête. J’ai vu des émissions là-dessus. Je me suis dit que c’était génial. J’ai trouvé deux associations sur internet que j’ai contactées. J’étais très triste, parce qu’il y en a une qui n’est qu’au Québec. L’autre, F.C.A.P.I (France Chien d’Assistance Personnalisé et Individualisé) est en France. Le problème c’est que mon chien doit être LOF (un chien de race certifié), mais il ne l’est pas alors que c’est un Border Collie pure race. Le but d’un chien d’assistance psychologique est génial. Tu peux amener ton chien avec toi au travail, dans les magasins, au lycée… C’est comme un chien d’aveugle.

" Personne ne veut l’entendre, sinon on me menace de retourner à l’hôpital "

Au lycée je n’ai pas vraiment d’amis. Depuis que j’ai été harcelée, je ne veux plus me faire d’amis au lycée, mais j’ai des amis au cheval. Ma meilleure amie du cheval est au courant, elle aime bien l’idée. J’en parle beaucoup sur les réseaux sociaux. Oreo a un compte Instagram : 'Mes.borders.collies'. Des marques m’ont repérée. L’autre jour, j’ai gagné des croquettes.

Mes démarches n’avancent pas beaucoup, parce que mes parents ne sont pas vraiment d’accord et la psy que je vois n’y connait rien. J’essaye de changer de psychologue. J’attends que ça avance, mais comme je n’ai pas 18 ans c’est compliqué. C’est toujours très dur pour moi d’aller en cours et de sortir de chez moi. Personne ne veut l’entendre, sinon on me menace de retourner à l’hôpital. Il vaut mieux que je fasse des efforts pour retrouver mon chien le soir. Mes parents disent que je n’en ai pas besoin, que je fais exprès de ne pas vouloir sortir, que ce n’est qu’un chien.

La psy ne veut pas non plus, elle pense que ce n’est pas une bonne idée. Elle dit que j’ai besoin de parler. Cela fait quatre ans que je la vois et ça ne m’aide pas du tout. Ce n’est pas elle qui m’a aidée à arrêter de me mutiler, ce n’est pas elle qui m’a empêchée de faire des tentatives de suicide. C’est mon chien. Il était à côté de moi la nuit quand j’avais mes angoisses et avais envie de me mutiler. Comme il était à côté de moi, je ne le faisais pas. Quand Oreo est là, je suis heureuse. Me mutiler, ça me soulage cinq minutes, mais après ça ne fait plus rien. Ça laisse juste des cicatrices."