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Caroline Baudry édité par Solène Delinger , modifié à
Deux ans, jour pour jour, après le spectaculaire incendie de l'usine chimique de Lubrizol, à Rouen, la crainte d'effets importants sur la santé à long terme demeure. Une centaine de personnes ont défilé ce dimanche devant la préfecture de Rouen pour réclamer toute la transparence sur l'événement. Reportage. 
REPORTAGE

Deux ans, jour pour jour, après l'incendie de Lubrizol, associations, habitants et militants étaient de nouveau dans les rues de Rouen pour demander justice et dénoncer les éventuelles répercussions sur la santé des personnes exposées. 200 personnes ont participé au cortège. 

"L'Etat doit être à nos côtés" 

Elles ont crié leur colère et réclamé toute la transparence sur l'évènement alors que des zones d'ombre subsistent encore. "Oui, tout n'est pas dit", insiste Simon de Carvalho, président de l'association des sinistrés de Lubrizol. Il y a deux ans, il a été contraint de fuir sa maison polluée par les fumées, son bébé dans les bras. Depuis, il refuse de boire l'eau du robinet. "On a senti que le goût avait changé", confie-t-il. "Il y a trop de chlore. Et aujourd'hui, voyez-vous, on vient de me remettre une clé USB avec les analyses de l'eau que nous buvons, nous les riverains. C'est la preuve des pics de pollution en 2019. Ce n'est pas à nous d'apporter ça. L'Etat doit être à nos côtés", martèle Simon de Carvalho. 

La préfecture refuse de fournir un document clé

Ce document sera transmis à la justice dans le cadre de l'enquête pénale ouverte contre Lubrizol. Déjà poursuivie, l'usine a été de nouveau mise en examen le 14 septembre dernier pour "déversement de substances nuisibles dans les eaux". Julia Massardier, l'avocate de l'association des sinistrés, tente désormais d'accéder à l'étude de dangers. Un document qui établit les risques liés à l'implantation d'une telle usine. "La préfecture dispose de ce document. Quand je l'ai demandé, ils m'ont fourni un document avec des parties masquées de noir, que des pages manquantes. Ce n'est pas exploitable", déplore-t-elle. "Nous en avons besoin pour pouvoir saisir le tribunal administratif et questionner la responsabilité de l'Etat dans cette affaire".   

Le préfet refuse de fournir le document complet pour des raisons de sécurité. Il rappelle que près de 6.500 prélèvements ont été réalisés et rendus publics depuis l'incendie. Tous se révèlent conformes au seuil réglementaire.