Les victimes ont assigné le laboratoire Merck pour "défaut d'information". AFP 1:18
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Thibaud Le Meneec , modifié à
Invité du grand journal de Matthieu Belliard, mardi soir sur Europe 1, l'avocat des malades de la thyroïde qui assignaient le laboratoire Merck en justice à propos du "défaut d'information" liée à la nouvelle formule du Levothyrox a demandé un nouvel examen de ce dossier.
INTERVIEW

Mardi, la justice a débouté les 4.113 malades de la thyroïde qui avaient assigné le laboratoire Merck pour "défaut d'information" à la suite de l'introduction de la nouvelle formule du Levothyrox. "Nous avons peut-être perdu une bataille, mais nous n'avons pas perdu la guerre", a réagi mardi soir sur Europe 1 Christophe Léguevaques, l'avocat de ces victimes.

Demande d'un "œil attentif" sur le dossier. "Nous espérons qu'en appel, nous allons pouvoir être entendus et que le juge regarde le dossier d'un œil attentif, ce qui n'a pas forcément été le cas en première instance", dénonce l'avocat, qui affirme "que Merck connaissait les risques et qu'il n'a pourtant pas informé les malades".

"Merck nous a opposé le secret des affaires". Les victimes tentaient notamment d'obtenir des informations sur les fournisseurs du médicament, mais "Merck nous a opposé le secret des affaires", explique le conseil. "Nous allons démontrer qu'ils avaient les moyens d'entrer en contact direct avec les malades, notamment à travers la boîte du médicament qui aurait dû contenir des informations sur ce nouveau produit."

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L'ANSM, "porte-voix du laboratoire". Me Christophe Léguevaques s'étonne aussi de l'attitude de l'Agence nationale de sécurité du médicament dans ce dossier, alors que plus de 4.000 malades ont connu des troubles plus ou moins graves avec la nouvelle formule du Levothyrox. "Ce qui est curieux, c'est que l'ANSM et Merck refusent d'enquêter sur les causes de ces troubles et considèrent que c'est un effet nocebo [l'équivalent négatif d'un effet placebo, NDLR] ou que c'est un problème dans la tête des malades, ce qui est inadmissible. Tout le monde sait bien que ça vient du médicament lui-même. Nous avons des experts et des autorités qui permettent de démontrer qu'il y a des doutes sur le discours officiel véhiculé par l'ANSM, qui se fait le porte-voix du laboratoire."

"Nouveaux documents" dans la procédure pénale. L'affaire fait par ailleurs l'objet, au pénal, d'une information judiciaire contre X instruite par le pôle santé du TGI de Marseille. Ouverte le 2 mars 2018 pour tromperie aggravée, blessures involontaires et mise en danger de la vie d'autrui, elle a été élargie depuis par le parquet au chef "d'homicide involontaire". "La procédure suit son cours et est indépendante du défaut d'information", indique Me Christophe Léguevaques. "Prochainement, je vais remettre au juge d'instruction des documents nouveaux qui vont permettre de conforter le dossier d'instruction."