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Antoine Terrel , modifié à
Le pape François a levé mardi le secret pontifical sur les dénonciations d'agressions sexuelles, ainsi que sur les procès et verdicts dans ce domaine, a annoncé mardi le Vatican. Une bonne décision, mais trop tardive, selon François Devaux, président de l'association de victimes "La Parole libérée", invité mercredi d'Europe 1. 
INTERVIEW

Un nouveau pas vers une meilleure lutte de l'Église catholique contre les violences sexuelles ? En levant mardi le secret pontifical sur ces délits, le pape François a en tout cas permis une avancée supplémentaire sur le sujet et accédé à une demande ancienne des associations de victimes. Invité mercredi d'Europe 1, François Devaux​, président de l’association "La Parole libérée" reconnaît l'importance d'une telle décision, mais la juge néanmoins tardive, au regard de l'ampleur des scandales sexuels au sein de l'Église. 

"On ne peut pas critiquer une telle décision", réagit-il au micro de Matthieu Belliard, "mais ce qui interroge, c'est le temps avec lequel ça arrive". Car, selon le président de l'association de victimes, "partout où est l'Église, il y a des abus sexuels et leur couverture". Or, regrette-t-il, "le pape est parfaitement au courant de ça". D'ailleurs, ajoute-t-il, en mettant en place dès son élection une commission vaticane de protection des mineurs, le souverain pontife a montré qu'il "avait conscience de l'ampleur de la problématique". 

"Là ou ça peut changer, c'est dans le cadre des procédures canoniques"

Le secret pontifical, également appelé parfois secret du pape, est une règle de confidentialité protégeant les informations sensibles relatives à la gouvernance de l'Église. Concrètement, par cette décision du pape François, les plaintes, témoignages et documents des procès concernant les agressions sexuelles pourront désormais être communiqués à la justice civile des pays concernés. 

Si cette décision est importante, "on n'est pas vraiment concerné en France", nuance François Devaux, car la séparation de l'Église et de l'État "permet à la justice française de déclencher des perquisitions au sein des évêchés, des archives". En revanche, ajoute-t-il, "là où ça peut changer, c'est dans le cadre des procédures canoniques".

C'est en effet en raison de ces procédures canoniques que "La Parole libérée" n'a pas eu accès au dossier du Père Preynat, ce prêtre accusé d'agressions sexuelles sur de jeunes scouts de la région lyonnaise. "On n'a pas accès à nos propres procès-verbaux". Alors que le père Preynat a été réduit à l'état laïque par un tribunal canonique, "on a même pas la capacité d'obtenir cette condamnation", regrette-t-il. Avec la levée du secret pontifical, "on aurait enfin accès à la procédure", se félicite François Devaux. 

"En France, on a une législation un peu plus aboutie"

En levant ce secret pontifical, le Vatican a précisé que toute information faisant état de suspicion de violences sexuelles commises par un prêtre ou un religieux pourra être transmis aux autorités, mais seulement si elle en fait la demande. "Cela montre bien qu'il faut prendre ça avec un certain recul", réagit François Devaux. "Heureusement en France, on a une législation un peu plus aboutie, qui prime sur la loi canonique", note-t-il.