"L'État ne faisant rien, moi je fais à sa place" : un maire peut-il interdire le glyphosate ?

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lise Denjean, édité par Margaux Lannuzel , modifié à
Danie Cueff, maire de Langouët, en Ille-et-Vilaine, doit être fixé jeudi sur la légalité de sa décision d'interdire la pulvérisation des pesticides à moins de 150 mètres d'une habitation, d'un commerce ou d'un bureau. 
ON DÉCRYPTE

Le glyphosate doit être interdit en France en 2021, mais pour le maire de Langouët, en Ille-et-Vilaine, ce sera déjà trop tard. Dès le mois de mai dernier, l'édile a pris un arrêté pour faire interdire la pulvérisation des pesticides à moins de 150 mètres d'une habitation, d'un commerce ou d'un bureau. Attaqué en justice par la préfecture, il doit être fixé jeudi sur la légalité de cette mesure. 

Une mesure "offensive et concrète" pour le maire

Interrogé par Europe 1, Daniel Cueff défend une mesure "offensive et concrète". "Quelques personnes dans la commune, qui mangent bio, dont les enfants vont à la cantine, où ils mangent 100% bio, ont fait des analyses d'urine. On a trouvé des taux, chez les enfants en particulier, trente fois supérieurs à la norme", explique-t-il. "Ils ne mangent pas de pesticides, ça veut dire qu'ils en respirent. L'État ne faisant rien, moi je fais à sa place."

Mais le maire est-il compétent pour statuer dans ce domaine ? C’est la question à laquelle devra répondre le tribunal administratif de Rennes. Et si Daniel Cueff affirme être soutenu par ses administrés, il doit tout de même faire face à la colère des agriculteurs conventionnels.

Une dizaine de villes ont pris des arrêtés similaires

"Il faudra que je diminue mon cheptel, je pense", déplore ainsi Dominique, éleveur bovin à Langouët depuis presque 40 ans. "On va perdre, grosso modo, 20 à 30%. C'est comme si vous aviez une voiture cinq places et que demain, on vous disait qu'elle n'en avait plus que trois et demi, ou trois places, mais en continuant à rembourser le prêt d'une cinq places. Ce n'est pas possible."

Dominique espère donc que la justice invalidera cette mesure, de plus en plus plébiscitée néanmoins par les maires français. Depuis deux ans, plus d’une dizaine de villes ont ainsi adopté des arrêtés anti-pesticides.