Les sans-abri face à la canicule : "Les dangers de la rue sont aussi importants l'été que l'hiver"

SDF Campement Paris 1280
© JACK GUEZ / AFP
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Romain David , modifié à
Invité d'Europe 1, le directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité déplore une baisse de la mobilisation à l'égard des personnes vivant dans la rue lorsque revient la belle saison.
INTERVIEW

Emmanuel Macron avait promis qu'une fois élu président, plus aucun sans-abri ne dormirait dans la rue d'ici la fin 2017. Plus de six mois après la fin de cette échéance, les associations constatent que la situation des personnes sans domicile fixe ne s'est guère améliorée. "Même s'il y a eu quelques mesures positives qui ont été prises cette année, notamment une mobilisation très forte des services de l'Etat et des associations pour ouvrir des places cet hiver, globalement on observe que la situation des sans-abri ne s'est pas améliorée", déplore vendredi au micro d'Europe 1 Florent Guéguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité.

Sous un soleil de plomb. "Leur nombre n'a pas diminué et on observe même, cet été en particulier, une dégradation de la situation des personnes et des familles qui sont à la rue", relève ce responsable associatif, qui rappelle que la situation des sans-abri est aussi fragile par fortes chaleurs que lorsqu'il fait froid. "Les dangers de la rue sont aussi importants l'été que l'hiver", insiste Florent Guéguen, alors que les températures frôlent les 40 degrés depuis quelques jours dans plusieurs régions de France, et notamment en Île-de-France.

"Une gestion au thermomètre". "Les personnes [sont] exposées aux très fortes chaleurs, aux problèmes de déshydratation, de maladies cardio-vasculaires, de maladies de peau, etc. Bref, la demande d'hébergement et de prise en charge est la même toute l'année", souligne-t-il. Et pourtant, "l'Etat continue cette politique de gestion au thermomètre de la prise en charge des sans-abri, qui veut que l'on ouvre des places supplémentaires l'hiver, à partir du 1er novembre, et on les ferme à partir du 31 mars avec des remises à la rue sèches". Pour Florent Guégen, ce système "est inefficace et dangereux". "Depuis le 31 mars, on observe une augmentation du nombre de personnes à la rue, avec des campements indignes", assure-t-il.

Des pouvoirs publics qui doivent faire davantage. Cette situation est d'autant plus inquiétante que les associatifs constatent une augmentation du nombre de familles à la rue, avec souvent de très jeunes enfants. "Une personne sur deux qui appelle le 115 pour demander un hébergement est en famille, ça c'est une donnée nouvelle", explique Florent Guégen. "L'Etat a ouvert 15.000 places d'hébergement en plus cet hiver et en a fermé 10.000. Ça veut dire qu'il n'en a pérennisé que 5.000, à la demande des associations", nuance-t-il. Mais cet effort reste encore trop limité pour Florent Guégen, qui dénonce "une situation explosive et scandaleuse dans la France de 2018". "Je rappelle que, de par la loi, c'est l'Etat qui est responsable du droit à l'hébergement, or, aujourd'hui, ce droit n'est pas mis en œuvre pour une majorité de personnes vivant dehors", déplore-t-il.