2:47
  • Copié
Anne Legall et A.D , modifié à
Les créatures virtuelles risquent de s'inviter dans les classes. Une menace pour la concentration des élèves, voire pour leur sécurité. Le ministère et les établissements scolaires ont déjà pris des mesures.
L'ENQUÊTE DU 8H

J-3 avant la rentrée scolaire. Najat Vallaud Belkacem, la ministre de l'Education va préciser ce lundi en conférence de presse les nouveautés et les chiffres de cette rentrée 2016 : entrée en vigueur de la réforme du collège, programmes, postes d'enseignants. Mais à coté de ces thématiques classiques , il y en a une autre, plus inattendue, qui se glisse dans le débat : celle de Pokemon Go ! Le fameux jeu qui consiste à attraper des créatures virtuelles avec son téléphone portable risque de s'inviter dans les établissements. Pour prévenir des débordements, le ministère de l'Education a déjà sollicité un rendez-vous avec l’éditeur du jeu, la société Niantic.

"Continuer à jouer". Solliciter cette rencontre peut sembler étonnant mais c'est une question de sécurité. Durant l’été, comme de nombreux lieux publics ou monuments, les collèges et lycées ont été transformés en pokestops ou en arènes, c'est-à-dire en passages obligés pour les joueurs. C'est notamment le cas des collèges Maurice-Ravel et Gambetta, et du lycée Janson-de-Sailly à Paris. Des lieux devant lesquels même avant la rentrée, il est possible de croiser des enfants rivés sur leur smartphone, comme Arthur, 11 ans, et ses deux petites sœurs. Si le jeune garçon raconte avoir trouvé une "pokeball et une potion", il souligne également qu'après la rentrée, il va continuer à jouer à côté de chez lui mais aussi "à côté de l'école".

Demander d'interdire les Pokemon rares. C'est bien ce qui préoccupe l'Education nationale dans un contexte de risque terroriste : l' attroupements de joueurs, dans et autour des établissements. Le ministère a donc déjà fait savoir aux directeurs qu'ils pouvaient demander à l’éditeur du jeu que leur collège ou lycée ne soit plus un pokestop, un kiosque à Pokémons. Le ministère veut aller encore plus loin et demander à la société Niantic l'interdiction de Pokémons rares dans les établissements, là encore pour limiter plusieurs risques : les bousculades, l'intrusion dans les écoles de joueurs extérieurs qui seraient prêts à tout pour capturer une créature.

Pokemon dans les classes VS règlement intérieur. Car, mauvaise nouvelle pour le corps enseignant, a priori, il y aura des Pikachu et consorts à chasser dans les salles de classe, les couloirs et les gymnases. Certains élèves, comme un futur collégien de 4e à Nogent-sur-Marne, a d'ores et déjà vu sur son téléphone qu’après la rentrée, il pourrait chasser le Pokémon dans le centre de documentation du collège. En conséquence, certains enseignants anticipent un possible bras de fer autour de l'utilisation du portable en classe, à l'image de ce professeur d'histoire-géographie. "Cela peut-être inquiétant pendant les heures de cours. Après, on a des règlements intérieurs très stricts qui nous permettent d'intervenir pour interdire les téléphones portables, relativise-t-il. Pokémon peut rendre plus compliqué cette interdiction, nous en sommes conscients mais il ne faut pas lâcher là-dessus parce que c'est quand même quelque chose qui entraîne un manque d'attention."

Il se pourrait bien cette année que "Pika" et ses copains soient à l'origine de quelques heures de colle. Quoi qu'il en soit, en plus de toutes les disciplines, les professeurs devront faire preuve de pédagogie aussi sur ce sujet-là.