Les éleveurs de volailles lancent "un avertissement" au gouvernement

Frappés par deux crises de grippe aviaire, les acteurs de la filière réclament 30 millions d'euros à l'État.
Frappés par deux crises de grippe aviaire, les acteurs de la filière réclament 30 millions d'euros à l'État. © MEHDI FEDOUACH / AFP
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J.B. avec B.V. , modifié à
Quelques centaines d'acteurs de la filière palmipèdes-volailles ont manifesté samedi matin dans les Landes pour demander une indemnisation complète de leurs pertes liées à la grippe aviaire.
REPORTAGE

"On nous abandonne en rase campagne." Voilà le sentiment qui dominait lors d'un rassemblement d'environ 600 producteurs et éleveurs de volailles, samedi matin à Castelnau-Chalosse, dans les Landes. Frappés par deux crises de grippe aviaire successives, ils réclament 30 millions d'euros à l'État, avec l'appui d'élus locaux. Car s'ils ont bien reçu une partie des aides pour compenser leur manque à gagner à cause de la grippe aviaire, pour eux le compte n'y est pas.

"Ici il n'y a pas de feignants". "Bien sûr que la filière est en danger", prévient Boris Vallaud, député PS des Landes. "Vous savez, durant cette crise, le chômage a augmenté dans les Landes. J'ai vu des jeunes agriculteurs qui venaient de s'installer dans l'exploitation familiale repartir chercher du travail ailleurs. J'ai vu des familles franchir le seuil des épiceries sociales, parce qu'il faut bien manger. Vous savez, ici il n'y a pas de feignants. Il n'y a que des gens qui se retroussent les manches, qui veulent travailler, qui veulent vivre", poursuit l'élu socialiste. 

Entendu sur europe1 :
On est gentil dans la profession. Mais il ne faut pas pousser les gentils.

L'activité a pu reprendre fin mai… de façon limitée. Par manque de canetons (les accouveurs ayant été décimés), nombre d'éleveurs-gaveurs seront encore sans revenu pour plusieurs semaines, et toute la filière jusqu'aux entreprises de l'aval est impactée. Alors, si l'État ne verse pas les aides attendues, les éleveurs menacent…

"Neuf mois sans rien, la trésorerie est très tendue". "On refusera d'abattre. C'est clair et net", prévient Francis, producteur de foie gras. "On est gentil dans la profession. Mais il ne faut pas pousser les gentils. C'est un avertissement. Moi je suis un pacifiste mais je dis qu'il y a un dicton quand même : 'Qui commande paye'. L'État a exigé des abattages, je ne conteste rien du tout, mais si nous prenons des engagements, nous les tenons. L'État doit en faire de même".

"On n'a reçu les canetons que le 1er août, pas le 29 mai ! Le temps de les élever, on ne reprendra le gavage que mi-octobre avant de pouvoir à nouveau vendre à la fin du mois. Neuf mois sans rien, la trésorerie est très tendue alors qu'on a joué le jeu, on a fait les investissements en biosécurité et tout, alors il faut qu'on nous entende !", renchérit Pierre Lacroix, éleveur-gaveur à Poyartin.

Rencontre en vue avec le gouvernement. Dans un communiqué vendredi, 14 députés de la majorité, élus de sept départements du Grand Sud-Ouest, ont exprimé leur soutien à la filière, et demandé au gouvernement un "plan de compensation complémentaire". Le ministre de l'Agriculture devrait recevoir dans les prochains jours une délégation de représentants pour tenter de faire avancer ce dossier brûlant des indemnisations.