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Romain David , modifié à
Au micro d'Europe 1 Guillaume Quercy, le président de l’Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles, déplore le manque d'attention des politiques de santé pour les aides à domicile, alors que la population française continue de vieillir.
INTERVIEW

Un rapport sur l’état de l’aide à domicile en France doit être rendu lundi par Myriam El Khomri, l’ancienne ministre du Travail de François Hollande, à Agnès Buzyn, la ministre de la Santé. Les professionnels du secteur demandent, eux, au gouvernement des mesures d’urgence pour revaloriser une profession largement sinistrée.

"Nous espérons que madame El Khomri validera une bonne fois pour toute le fait que nous avons d’abord un problème de rémunération dans notre secteur. On ne peut pas rendre attractif des métiers s’ils ne sont pas rémunérés", a commenté samedi, au micro de Bernard Poirette sur Europe 1, Guillaume Quercy, le président de l’Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles (UNA).

Actuellement, 830.000 personnes sont salariées pour faire de l’aide à domicile, pour un salaire brut moyen de 900 euros par mois. Un sixième des personnels vivent ainsi sous le seuil de pauvreté. "Il faut attendre 13 ans pour voir son salaire augmenter un peu au-dessus du Smic", relève Guillaume Quercy. Selon son calcul, l’Etat devrait mettre sur la table au moins 220 millions d’euros pour hisser l’ensemble de salariés au niveau du Smic

Un métier éprouvant

"Dans l’aide à domicile il y a deux fois plus d’accidents du travail que dans le BTP. C’est l’un des secteurs les plus sinistrés en France, et d’ailleurs c’est l’un des seuls secteurs économiques dans lequel la sinistralité augmente", poursuit-il. "Vous avez de la manutention, un rythme, une intensité dans le travail. Il y a aussi beaucoup de déplacements : les accidents de la route peuvent être une cause des accidents de travail. C’est un métier très intense et qui l’est de plus en plus parce que notre pays ne sait pas mettre en place un modèle économique suffisant pour faire en sorte que ce métier s’exerce dans de meilleures conditions", déplore le patron de l’UNA.

Une image négative

Pour Guillaume Quercy le manque d'attractivité du secteur tient aussi, au-delà des question de rémunérations, à de nombreux préjugés. "Ce sont des gens qualifiés, vous ne pouvez pars aider quelqu’un dans sa toilette, lui faire à manger sans être formé. Mais c’est un métier qui a une mauvaise image. Pour faire court, on considère qu’il s’agit de femmes de ménage", explique Guillaume Quercyl, toujours au micro d'Europe 1. "Et puis, ce sont majoritairement des femmes. Et comme beaucoup de sujets dans notre pays quand il s’agit de femmes, on estime que ça ne se rémunère pas, que ça appartient à la sphère domestique", déplore-t-il.

Un maillon essentiel du système de santé

Alors que l’accélération du vieillissement de la population française est l’un des principaux enjeux de santé des années à venir, le maintien des personnes à domicile pourrait être une solution de premier plan. "L’aide à domicile est au cœur des bonnes reformes de santé que nous devrions faire demain, et malheureusement, dans tous les plans qui sortent, rien n’est fait pour l’aide à domicile", constate Guillaume Quercy. "Dans cinq ans, les baby-boomers auront le bel âge de 80 ans. On va connaître une augmentation par trois des plus de 80 ans d’ici 2030. C’est considérable. Et aujourd’hui, on n’est pas prêt puisque l’on ne peut déjà pas répondre à toutes les demandes", conclut -il.